Parles-nous de tes origines. Qui étaient tes parents ?Mes origines ? Vraiment ? Vous souhaitez remonter si loin ? Bon d'accord. Mon père est italien c'est de lui que je tiens mes cheveux sombres et mes yeux noirs, il était d'origine modeste et à la belle saison il travaillait dans les cafés et restaurants en bord de Méditerranée. C'est dans un de ces endroit qu'il vit pour la première fois ma mère, une jeune fille, blonde comme les blés, à la peau d'ivoire et qui semblait s'ennuyer mortellement assise sur sa chaise en terrasse avec deux adultes qui semblaient être ses parents.
Cet première fois elle ne le vit pas, la suivante non plus, à la troisième fois en moins d'une semaine il accrocha son regard. La famille de français logeait dans un hôtel moyen de gamme non loin et avait choisi le restaurant comme lieu dînatoire. Les deux jeunes gens échangèrent un regard. Plusieurs fois par la suite ils échangèrent des regards, des sourires.
Un soir ma mère se cacha pour l'attendre à la fin du service, ils firent connaissance, discutèrent longuement. Ils se plaisaient, le fait était indéniable. Pour autant ma mère n'était là que pour les vacances, ses parents l'amenant ici chaque été.
Ils leurs fallut encore deux saisons estivales pour comprendre qu'ils ne pouvaient se passer l'un de l'autre. Leurs étés étaient merveilleux et le reste de l'année leurs semblait durer un millénaire. Ayant atteint la majorité c'est ma mère qui poussa celui qu'elle aimait à l'épouser, elle a un sacré caractère ma mère et mon père n'a jamais rien put lui refuser. N'ayant pas de réelles attaches en Italie il l'a suivie en France et c'est après quelques années d'un mariage idyllique que je vis le jour.
Comment s’est passée ton enfance ?Ah mon enfance, cette fois ? Puisqu'on a commencé, continuons donc. J'ai toujours été une enfant calme, très calme, trop calme ? C'est ce que semblait penser mes parents. Toute petite je pleurais peu, je m'exprimais peu, pour autant je voyais, j'observais tout. Plus tard mes parents m'ont dit que je semblait toujours savoir, anticiper. J'apprenais vite, jeux de construction ou de logique rien ne m'arrêtais. Les premiers pas hésitants, les premiers mots bafouillés. Tout semblait normal malgré mon calme.
La première rentrée à l'école, le point de bascule. Les adultes ne semblaient pas savoir sur quel pied danser avec moi, j'apprenais trop vite, trop bien, j'étais toujours trop calme. Mais ce n'était pas le coeur du problème, non, le vrai soucis venait de ma relation aux autres enfants. Je ne m'intéressais pas à eux, je ne jouais pas avec eux restant dans mon coin. Bien vite je fus la victime des autres, si je restais à l'écart de ma propre volonté, des petits "accidents" avaient lieu : chutes, bousculades.
Ce quotidien resta le même jusqu'à mon entrée au collège. Je ne m'étais jamais plaint, jamais fait remarquer, et rien n'avait bougé, mes persécuteurs n'étaient pas toujours les mêmes, mais il y en avait toujours... Ainsi avec mes débuts de secondaire ce fut plus chaotique. Mon absence de réaction sembla en frustrer certain, les petits caïds s'en prenant plus franchement à moi. Les insultes n'étaient plus rares, les brutalités physiques, elles commencèrent sérieusement. De nombreux professeurs m'appréciait, j'étais assidue et attentive, mon bulletin scolaire était ainsi sans tache... Pour autant ma vie n'était pas rose, je crois.
Et ton adolescence ? Quels étaient tes projets, tes rêves ?L'adolescence... j'y suis encore non ? Je m'étendrais donc sur le peux que j'en ai vu et vécu. J'ai vu les changement en moi et chez les autres, les réactions au genre opposé. Mais comme depuis toujours je me sentais différente, je ne fis pas comme d'autre de "crise d'adolescence", mes parents ne me reprochèrent jamais rien.
Tout bascula quand un jour, lors d'une brimade un peu plus violente que les autres j'osais répliquer verbalement... Ma première rébellion... Que n'avais-je donc pas fais. Je n'avais pas remarqué mon environnement, mais je frôlais la mort. Les escaliers sont un élément dangereux, surtout quand vous êtes poussés dedans... Je passais plusieurs jours à l'hopital, dans un coma artificiel. On m'interrogea sur les faits, sur le passé, sur les autres et les interactions que j'avais... On me fit voir un psychologue...
Mes projets et mes rêves ? Je n'en ai pas vraiment je crois, je vis l'instant présent, j'aurais voulu être normale, comme les autres je pense, mais qu'est-ce qu'être normal ? Je ne sais pas moi même. J'aurais voulu être libre... Les seuls me donnant cette impression étaient les animaux, eux ne jugeaient pas, ils étaient comme moi ils vivaient dans le présent et comprenaient.
Les as-tu atteints ? Si non, pourquoi ?Comment atteindre des rêves qui ne sont que des utopies ? La réponse est simple, on ne peut pas. J'aurais voulu comprendre les autres, je n'y parviens pas, tout est parfois si étrange si distordu...
Comment as-tu entendu parlé du domaine d’Almara ?C'est le psychologue qui m'a vu après mon accident d'escalier,nous avons eut plusieurs séances en quelques semaines et à donné un verdict, je suis atteinte d'une forme d'autisme. Ma détection tardive entraîne plusieurs trouble dont certain affecte ma capacité de relation au monde.
Pour m'aider à m'adapter il a parlé d'un centre tenu par le fils, psychiatre, d'un de ses ancien confrère qui pourrait me permettre d'être plus apte socialement. Un endroit qui parlait de thérapie par les chevaux. Ces animaux m'avaient toujours fascinés, si grand, si fort, mais si doux à la fois.
Pourquoi as-tu fais le choix de le rejoindre ?Mes parents avaient été déstabilisé par l'annonce de ma différence, de mon handicap comme l'autisme est communément appelé... Quand le médecin avait parlé de l'Almara ils avaient discuté, m'en avait parlé, pour moi ici ou là-bas peu m'importait mais eux choisirent, je ne pouvais pas retourner au collège après ce qui s'y était passé. J'ai fini ma troisième, j'ai obtenu mon brevet et j'irais à l'Almara pour continuer d'apprendre et avancer avec un cheval, un être neutre qui me permettrait de découvrir qui j'étais et comment je pourrais m'intégrer dans le monde.
Avais-tu déjà rencontré des chevaux avant ton arrivée ?Quelques fois dans les pré autour de la maison il y en avait, je pouvais passer des heures assise au pied de la clôture, à les regarder brouter, jouer, dormir, vivre tout simplement. Mais jamais je n'en ai réellement approché un, j'ai lu, je connais le théorie mais la partie pratique reste obscure.
PHYSIQUE & PERSONNALITÉ Me décrire ? Vous avez encore beaucoup de questions ? Alors pour une adolescente je pense être dans la norme, peut-être un peu petite... Pas bien épaisse je l'admets je ne suis pas un sportive assidue mais aimant la solitude et la nature je ne suis pas une petite chose fragile. Des grand yeux noirs qui scrutent le monde, un visage en cœur, quelques formes là où il faut, merci puberté n'est-ce pas ? J'aime mes long cheveux sombres dont les boucles cascadent souvent librement.
Ma personnalité semble surprendre ceux que je rencontre. Toujours calme et posée, toujours réfléchie, j'analyse toujours toutes les possibilités avant de faire un choix. Introvertie, j'ai du mal avec les autres, pas que je n'apprécie pas la vie en société, quoi que parfois... mais plutôt que je ne comprend pas la plupart des interactions sociales qui semblent naturelles aux autres.
Franche j'avoue dire exactement ce que je pense sans chercher à y mettre la moindre forme, on m'a souvent dit que ça pouvait être blessant et mal interprété mais comment peut-on mal comprendre la vérité ? Un mystère pour moi.
PARTICULARITÉ(S) Bon comme vous l'avez sûrement compris je suis atteinte d'une forme d'autisme, ainsi j'ai pas mal de souci avec le coté social du genre humain, j'ai du mal à comprendre mes chers semblables. Pour autant je ne suis dans le fond solitaire que parce que je sais que les autres peuvent être dangereux aussi bien pour ma personne physique que mentale.