Il faut sauver le soldat Ryan | ft Camille

Il faut sauver le soldat Ryan

Allongé à plat ventre sur le sol de la chambre, dos à la porte, battant doucement des pieds en l'air comme un enfant, il contemplait sa dernière trouvaille, la tête posée dans les mains. La petite boule jaune trottinait au milieu de la chambre. Candy se mit à sourire comme un enfant face à cette petite boule de plume aux grands yeux bruns. Ce dernier se mit à piailler et par réflexe le jeune homme porta la main à ses lèvres et lui chuchota de se taire comme si il pouvait comprendre. Il se redressa, recouvrit d'un couvercle percé de trou la boite à chaussure dans laquelle il se trouvait et pianota sur son téléphone pour trouver comment le nourrir. Il réalisa face au résultat de ses recherches que la tâche allait être un peu plus ardue que prévue. Son impulsivité le perdrait.

La matinée avait pourtant débutée calmement, il était arrivé aux écuries à l'aube pour sortir Mara, poussé par une envie soudaine de fumer de bon matin. La jument étant sa seule excuse pour se cacher en ce moment, il l'avait mené au pré très tôt prétextant de vouloir la faire profiter de la fraîcheur matinale et avait même été gratifié de son attitude. Un sourire narquois aux lèvres il l'avait mené dans le pré plus éloigné et c'était assis sous le bosquet d'arbres près duquel il avait l'habitude de s'installer. La feuille, le carton, le tabac et l'herbe lui glissèrent entre les doigts, un dernier coup de langue avant que le joint bien tassé ne rejoignent ses lèvres. Les briquet cliqueta dans le vide avant qu'une flamme n'en jaillisse enfin. Il tira longuement profitant des délicates saveurs qui imprégnèrent son palai et sa gorge puis expira dans un soupir libérateur. Il fallait qu'il se méfie, sa consommation augmentait et les cachettes devenaient de plus en plus difficile à trouver puisque tous recherchaient l'ombre. Il ferma les yeux, continuant de se délecter de la douce saveur qui embrumait ses poumons avant de contempler les volutes de fumées qui se dessinaient dans l'air. Le temps s'arrêta, les yeux dans le vide son regard oscillait entre Mara et le joint qui touchait presque déjà à sa fin. Armando avait été bon sur ce coup, cette weed là était la meilleure qu'il avait goûté depuis son entrée à Almara. Les cendres jonchaient la terre sur laquelle il était assis. Il prenait garde à ne laisser aucune trace visible et balaya ces dernières, prenant soin par la suite d'éteindre le carton qui manquait de lui brûler les doigts après la dernière latte. Il fourra le tout dans sa poche, se parfuma légèrement et ferma les yeux pour profiter des effets relaxants. La médecine devrait s'en inspirer beaucoup plus et cesser de condamner cette merveille, d'ailleurs il se décida à en porter un deuxième tout frais roulé à ses lèvres. Il fut pourtant vite perturbé par Mara qui s'agitait de manière inhabituelle. Elle qui passait ses journées le nez enfoncé dans l'herbe semblait perturbé aux abords de la grande bassine qui servait d'abreuvoir. En grognant Candy finit par se relever finalement intrigué. Légèrement défoncé, Mara était plus amusante à regarder mais pas autant que la petite chose qui la perturbait tant. Il éclata de rire :
- Me dit pas que tu as peur d'un caneton ma grosse !

Comme si il avait compris cette dernière coucha les oreilles, ronfla et retourna à l'herbe. Candy balaya le paysage du regard, posa son joint à moitié consumé sur le rebord de l'abreuvoir. Le caneton n'avait l'air au plus haut de sa forme. Souffrant surement d'être là, seul en plein soleil, le jeune homme se demanda comment il s'était retrouvé au milieu de ce pré. Il fit une cuve avec sa main et arrosa légèrement le plumage de ce dernier avant de le déplacer à l'ombre. Il prit soin de le transporter en se servant de son haut préalablement retiré et le mena à l'ombre. Il attendit là pendant deux bonnes heures, continuant de fumer tranquillement puis se décida sur un coup de tête à le ramener dans sa chambre. Il laissa la frisonne au pré, il viendrait la rentrer plus tard. Il se hâta de rentrer jusqu'à sa chambre. Il riait tout seul dans sa barbe, il avait l'air fin comme ça, courant torse nu avec un caneton enroulé dans son t-shirt. Par la plus heureux des hasard il parvint à sa chambre sans que personne de la remarque et heureusement ses colocataires ne se trouvait pas là.

Voilà comment il en était arrivé là, à se demander comment aider cette petite chose qui semblait déjà apprécier la fraîcheur à l'intérieur du bâtiment. Restait à savoir comment le nourrir et l'abreuver pour lui permettre de survivre. Il ouvrit de nouveau la boite. A cet instant le bruit de la porte de sa chambre le fit sursauter. Il y avait bien trop de choses préjudiciables pour lui, sa came toujours dans ses poches, ses yeux rouges, son état légèrement second et enfin un caneton dans une boite. Il ferma les yeux et pria pour que ce ne soit qu'un résident.

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Un soupir de soulagement s'échappa d'entre ses lèvres lorsqu'il aperçu la tignasse platine de son colocataire, au moins ce n'était pas cet enquiquineur de Valérian, il était sauvé. Il déchanta tout de même un peu en voyant l'air méfiant de son camarade. Le petit animal dans la boite commençait d'ailleurs de nouveau à s'agiter sûrement mort de faim. Il répondit à la hâte de manière incohérente :
- Rien .. un truc que j'ai trouvé.. bref, et toi quoi de prévu ?

Camille ne lui avait jamais vraiment posé de problèmes. Un garçon un peu sensible, d'une beauté étonnante et si il n'avait jamais cherché à s'en faire un ami il n'étaient pas non plus en mauvais termes. Il continua à observer les mouvements du blond qui arpentait la pièce et son comportement fit grandir un sourire narquois au coin de ses lèvres. Il baissa les yeux et se rendit compte qu'il était torse nu, effectivement son t-shirt était toujours dans la boite sous le petit caneton. Avide de réparti cinglante et d'envie de taquiner un peu son colocataire il décida de pas croire à la minable excuse qu'il pouvait lui sortir. Tessa l'avait déjà vu torse nu et ce n'était pas ce qui allait la déranger puisqu'elle l'avait déjà bien compris, il était ouvertement attiré par les hommes :
- Oui bien sur, c'est Tessa que ça dérangera

Son sourire ne fit que s'agrandir au fil de ses mots :
- Avoue plutôt que c'est ma beauté sans faille qui te trouble. Des questions qui pulsent dans ta tête face à ce spectacle ?

Il observa le malaise grandir chez son interlocuteur et s'en délecta encore un peu avant de finir par se raviser et de le laisse tranquille :
- Ça va Milo, fais pas cette tête, je déconne, je vais remettre un t-shirt, c'est juste que j'ai utilisé le mien pour quelque chose d'autre, je ne joue pas les exhibos pour le plaisir.... Quoique ..(petit sourire en coin)

Il jeta un œil à la boite sur laquelle Camille l'interrogea par la suite. Il hésita un long moment mais il ne pouvait pas priver le caneton de lumière beaucoup plus longtemps. Et puis Camille pourrait peut être l'aider, si il ne le trahissait pas bien sur. Voilà ce qui tourmenta son esprit dans la longue minute de silence qui suivit. Il en profita pour remettre son t-shirt, le toisa un instant, un petit rire s'échappant de sa gorge et commença par ironiser :
- Environ deux kilos de cocaïne provenant de mon trafic de drogue secret.

Il observa les réactions de son camarade avec un grand sourire qu'il chassa en une fraction de seconde
pour soudain redevenir sérieux :
- Non .. enfin … plus sérieusement, c'est pas quelque chose de grave, enfin je crois pas, c'est une bonne action à la base, tu me jures de rien dire ?

Il attendit sa réponse. Si elle était positive, il soulèverait alors le couvercle de la boite pour lui demander son aide ou au moins son indulgence - après tout il ne comptait pas le garder, il le relâcherais le lendemain, juste le temps qu'il se remette - Ou le supplier il n'avait encore pas eu le temps de rélféchir, mais le garçon semblait très droit et serais sûrement dur à convaincre, quoique comment résister à une chose si mignonne ?

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Le brun écouta distraitement le blond répondre à la question de diversion qu'il venait de lui poser avant de continuer son fameux petit numéro et de s'amuser à perturber son camarade. Il adorait ça, et il trouvait Camille plutôt réceptif à ses bêtises ce qui ne faisait que le conforter encore plus dans son petit manège. Il se délecta de le voir rougir de la sorte et pris tout son temps pour arpenter la chambre avant de remettre un t-shirt tout en écoutant le baragouinage qui s'échappait des lèvres du jeune homme. Il le toisa à nouveau avec cet immense sourire en coin qui le caractérisait, plongeant son regard dans le sien quelques secondes avant de se détourner. Il avait longtemps cru qu'il était de son bord mais n'avait jamais pu en avoir le coeur net et ne cherchait pas plus non plus. Ils étaient tous trop fragiles pour supporter l'abandon ici et comme les histoires sans attaches était sa ligne maîtresse il ne comptait pas faire souffrir quelqu'un comme il avait souffert. Il lança une pointe d'ironie dans la voix :
- Tu sais que t'es très convainquant comme garçon de toi ?

Il se concentra donc de nouveau sur la boite par la suite, questionnant le garçon et estimant si il pouvait ou non lui faire confiance. Et puis après tout il ne risquait sûrement pas grand chose, et ce n'était pas quelque chose de dangereux à moins qu'il ne soit allergique au canard ce qui était relativement peu probable. Il sourit à la référence qu'il lança et puis de toute façon quand est ce qu'il ne souriait pas cet étrange énergumène. Il souffla un bon coup et se décida à ouvrir la boite. Le petit caneton se secoua et commença à piailler en les regardant. Candy mourrait d'envie de lui caresser les plumes mais n'osait pas par peur de lui transmettre une odeur humaine. Il essaya d'analyser la réaction de Camille mais n'y parvint pas vraiment. Il se mordit la lèvre et tenta un petit : Tadaa ?

Il laissa passer un instant, supplia le petit de se taire et continua à l'intention de son colocataire :
- Ecoute, il avait l'air mort de chaud et de faim. Il était tout seul dans le paddock de Mara, et puis il est mignon comme tout, donc le voilà. Je voulais juste le remettre sur pied puis le relâcher, ou en fait j'en sais rien. Il lui faudrait du son de blé, ou des biscottes écrasés dans du lait selon internet.

Il se rendait compte que finalement il ne savait pas vraiment quoi faire face à ce petit être, il ne s'était jamais soucié de personne sinon lui depuis des années et il redoutait presque d'avoir possiblement condamné ce petit, ou alors lui avait-il vraiment sauvé la vie en l'amenant ici ? Fallait-il plutôt le confier à Valérian ou le remettre sur pieds avant de le relâcher ? Tant de questions qu'il n'osait même pas annoncer à haute voix, son plan était peut être finalement foireux ? Non. Il ne pouvait s'y résoudre, Camille saurait peut être trouver la réponse.

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Candy appréhenda encore un peu la réaction du blond et se détendit tout d'un coup. Okay son colocataire avait grand cœur c'était bon à savoir. Il observa le jeune homme qui lui même observait le petit caneton et qui commença même à discuter avec ce dernier. Un instant, Candy se sentit presque comme Brigitte Bardo qui avait vaillament sauvé la vie d'un petit canard. Quoique, il n'était pas encore sauf. Mais Camille se montrait de plus en plus enclin à lui apporter de l'aide. Il sourit face à l'affirmation du garçon, c'est vrai qu'il était très à cheval sur les règles, du moins par rapport à lui – ce qui n'était pas vraiment difficile -. Il rétorqua donc, tout en souriant de plus belle face au regard émerveillé de son colocataire :
- Tu sais vu toutes les conneries que je fais ici, j'ai un peu du mal à évaluer leur gravité donc je préfère assurer mes arrières.

Candy la trouvait aussi très mignonne cette petite boule jaune et remerciait intérieurement Mara de sa peur irrationnelle des canetons, sans quoi il serait sûrement mort au milieu du pré. Il ressentait presque de l'empathie envers quelqu'un d'autre que lui même. Il fallait croire que certaines choses parvenaient encore à le toucher, il en était presque rassuré. Le blondinet avait repris la parole pendant qu'il s'était perdu dans ses pensées, le jeune homme marqua un temps de pause et répondit :
- Vu ce que j'ai lu si, mais il devait être là depuis un moment, puis j'ai attendu 2 heures dehors avant de le ramener, et pas l'ombre d'un canard au milieu des prés, ce qui est assez logique.

Oui « attendu », les quelques joints qui lui embrumait les neurones lui avait bien aidé à faire passer l'attente, pas sur qu'il aurait été si patient sans cette petite occupation illégale, et en parlant d'illégalité il reprit :
- Ouaip, les cuisines doivent durement avoir ça à disposition, si tu connais un moyen de t'en procurer dans les règles je te suis, sinon c'est très simple d'y rentrer en douce.

Un nouveau sourire narquois s'afficha sur ses lèvres comme à chaque fois qu'une idée étrange ou déplacée lui passait par la tête, il se reprit pourtant très vite :
- Je sais pas si il est blessé, j'ai pas voulu le toucher parait qu'il faut pas mettre son odeur dessus. Et pour ce qui est de le relâcher je sais pas. Ca m'embêterais de devoir le donner à ce cheer Valérian, et ça me tue de dire ça mais il aurait peut être une solution

Le sarcasme se fit ressentir à la prononciation du nom du directeur. De l'aide de Mr Balais-dans-les-fesses c'était bien la meilleure ça. Ou du moins la pire idée qu'il avait pu avoir, il préférait se débrouiller tout seul pour l'instant et subvenir aux besoins de ce petit avant de mettre quelqu'un au courant, et puis ce caneton aurait été la preuve qu'il s'améliorait légèrement en considérant les états d'âmes d'autrui – chose dont il n'avait pas vraiment envie- Mais bon il fallait bien lui venir en aide à ce petit. Oh cruel dilemme !

Codage par Libella sur Graphiorum