[Terminé]Oh mein Gott ! [Camille]

Il ne voulait pas. Il ne voulait clairement pas. Mais s'il était venu vivre ici, ce n'était pas pour rester cacher sous la couette pendant deux ans n'est-ce pas ? Hélas, il ne pouvait y couper : il devait aller à la rencontre du cheval qui lui avait été attribué. Et dieu qu'il ne voulait pas ! Il n'avait jamais vu de chevaux de sa vie. Du moins, en vrai. Il ne cessait de se dire qu'il les préférait en image que d'en avoir un face à face. C'est que c'était instable ces créatures, énormes, dangereuses même ! L'adolescent n'avait pas le choix. Il avait la responsabilité d'un animal et il devait l'assumer. Enfin, plus facile à dire qu'à faire. Rien qu'en voyant certains chevaux du domaine depuis les fenêtres de la bâtisse, il savait qu'il allait vraiment galérer. Pourquoi avait-il fallu qu'il se laisse convaincre par sa tante ? Ah oui c'est vrai, il ne savait pas dire non...Quand on lui demandait quelque chose, même du plus gentiment du monde, le jeune homme courbait l'échine avec un "oui oui" apeuré comme si le moindre refus lui aurait valu le fouet. Mais il était vrai que la femme avait insisté pour qu'il aille en thérapie ici. Elle n'avait pas pu laisser son neveu comme ça.

Enfin bref, on lui avait jadis informer qu'il devra se rendre aux prairies car c'était là-bas que vivait son cheval. Les prairies...Ok, ça ne devrait pas être trop dur à trouver ? Mais pour un jeune homme qui avait toujours connu que la ville, il eut quand même bien du mal à trouver son chemin. Surtout qu'il fut évidemment incapable de le demander à qui que ce soit. Dès qu'il voyait une personne plus loin, au pire il partait dans l'autre sens, au mieux, il passait à côté en admirant le merveilleux sentier sur lequel il marchait. Et il n'avait jamais trouvé un sentier aussi fascinant à regarder que lorsqu'il croisait quelqu'un ! Il avait fait le tour du manoir. Une fois. Deux fois. Non, décidément les prairies n'étaient pas là. Il avait intérêt à bien vouloir s'éloigner des murs s'il voulait les trouver ! Il se sentait si stupide à tourner en rond...Finalement, son vagabondage ne tarda pas à le mettre sur le bon chemin. Enfin. C'était un autre sentier, qui s'éloignait grandement de la bâtisse, et s'engagea le long de vastes prairies cernées de barrières. Ca s'étendait loin, tel un océan de verdure marqué par quelques bosquets. Et le regard incertain du rouquin passait en revue les silhouettes quadrupèdes qui paîtraient de l'autre côté des clôtures. Les fameux chevaux...

Il sentait déjà son coeur s'affoler dans sa poitrine mais au moins personne n'était là pour assister à la lamentable scène qu'il devait être, traînant seul sur ce chemin, à guetter les équidés du coin de l'oeil comme s'il avait affaire à une meute de loups. Il enfonça ses mains dans ses poches pour essayer de garder contenance. Bon. Mais...Au fait, c'était lequel son cheval ?! Arf, ça commence bien...

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Ozvan sentait les cailloux du sentier rouler sous ses semelles tellement il traînait la patte, concentré sur les bêtes, trouvant ces barrières atrocement courtes, pas assez hautes selon lui. Mais voyons, n'importe quel cheval pouvait sauter ça facilement ! Clairement pas sécurisé comme système. Soudain, le jeune homme entendit des pas de course derrière lui. Il n'osa pas se retourner. Oh non, quelqu'un courait vers lui ! Quelqu'un le chargeait déjà comme un buffle ! Il venait à peine d'arriver...Aussitôt, le rouquin se braqua, s'immobilisa, attendant la collision fatidique comme un condamné à mort. Collision ou autre, il s'attendait à tout à vrai dire. Qu'on le bouscule, qu'on le renverse, qu'on le pousse dans ce buisson de houx non loin de là...Bref, les possibilités étaient multiple et il se contenta d'attendre son heure venir, priant toutes les divinités possibles et inimaginables que ce ne soit pas trop violent quand même. Il n'y avait probablement rien de plus lamentable que lui en ce moment même. Dieu était bourré quand il avait décidé de le créer, c'était pas possible autrement. Il avait cassé le moule après l'avoir fait avant de jeter nonchalamment le bébé par dessus bord. Hop là. Et puis le lendemain, avec sa gueule de bois il a eu des regrets, et il a décidé de lui donner de jolis yeux, au moins pour sauver sa mise.

La personne passa à côté du rouquin sans lui porter la moindre attention alors qu'Ozvan avait retenu son souffle tout ce temps. Il fixa la silhouette qui s'éloignait tranquillement sans avoir freinée son allure. Non ? Vraiment ? Pas de coup de fourbe dans le dos ? Pas même une petite brimade ? A croire que la technique de la statue, ça marchait bien pour se rendre invisible. Le jeune homme lâcha un profond soupire de soulagement et puis...Oh merde non, le gars revenait ! Ca y est, c'était la bonne cette fois. Il avait dû se dire "oh allez, si quand même juste pour m'amuser vite fait" et voilà qu'il revenait. Ozvan dévia son regard quand l'autre personne repassa à côté de lui. Du genre, s'il le regardait pas, c'était comme si on le voyait pas. Mais toujours rien. Est-ce que l'autre cherchait à le narguer en silence à tout hasard ? Oui, ça devait être ça, il se payait sa tête...Il l'intimidait volontairement, il le surveillait pour admirer le pathétique spectacle qu'il devait offrir en ce moment même. C'est alors que, encore une fois, il revint. Allait-il refaire un tour supplémentaire ? Oh mince, non, cette fois-ci, il s'arrêtait vraiment pour lui ! Ozvan tressaillit à son approche.

- Jjj-j-jj-j-ai j'ai j-jj-jjjj-j'ai r-rien f-f-ff-fait ! T-t-ttt-t-tu mir n-nicht weh b-bb-bitte !!

Son regard de chiot effaré se dressa enfin sur l'autre adolescent. Un jeune blond. Un visage qui n'avait clairement rien d'effrayant et devrait même plutôt inspiré la sympathie, ce qui n'empêchait clairement pas le rouquin de frissonner comme un atteint de la grippe. L'autre garçon reprit la parole, après que Ozvan n'ait même pas fait attention à ses premiers mots. Il parla de jument et proposa son aide. Ozvan, à nouveau, ne répondit pas tout de suite, focalisé sur les mouvements que faisait le blond. Il s'attendait à ce qu'un des mouvements soit une baffe à son égard, mais lorsqu'il se rendit compte que ça ne venait pas, il déglutit et prit son courage à deux mains pour répondre enfin :

- Jjje d-dois ch...ch-chercher un-un ch...chhheval...fit-il d'une petite voix en baissant le regard.

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Ozvan fixait ce parfait inconnu qui étirait un sourire des plus affables et qui aurait sans doute conquis n'importe qui. Son regard ne cessait de dévier cependant, à chaque fois que les prunelles du blond lui paraissaient trop oppressantes à son goût. Puis, les secondes plus tard, ses yeux finissaient toujours par revenir timidement à lui comme pour guetter ses réactions. A la réponse de l'inconnu, Ozvan se sentit atrocement stupide. Evidemment que ce n'était pas ce qui manquait ici. Il n'avait pas l'air débile à dire qu'il cherchait un cheval alors qu'il n'y avait que ça. Et en plus, l'autre se foutait de lui du coup. Le rouquin baissa la tête, honteux comme jamais. Il avait envie de s'enterrer sous la terre de ce sentier, là, maintenant, tout de suite. Bravo comme premier contact avec quelqu'un d'ici, se tourner en ridicule à la perfection ! Bien qu'il savait qu'il était très doué pour ça...Cette première impression venait d'être souillée comme pas permis. L'autre garçon se mit alors à l'assaillir de question et chaque nouvelle faisait l'effet d'un coup de maillet sur la tête de l'allemand qui aurait presque pu s'enfoncer un peu plus dans le sol sous l'effet de ces coups invisibles.

- N-non, c-ce n'est p-ppas...C-C'est-c'est....Jjje je...Euuh...

Il déglutit, incapable de trouver ces mots pour répondre correctement à tout ça. Voyons, on se calme. Commençons par le commencement. C'était quoi la première question ? Ah non, pas celle-là, prenons la seconde, c'est mieux !

- O-oui...Jj-je v-viens d'arrrr-rriver...Iich b-bb...bin n-nneu...

Il souffla comme si cette réponse venait de lui demander de l'effort, mais c'était surtout le fait qu'il ait trouvé le cran de répondre qui était le plus épuisant à vrai dire.

- O-On mm'a d-ddd...dit que l-le chhhheval d-ddont jj-je dd-dois mm'occup-per rr...resttt-tait au-au pp-ré...poursuivit-il, le regard rivé vers le sol, jj-je n-nne v-viens pp-pas l'att-tt...l'att...l'att-trappp-per, Ooh n-nein ! J-jje vv-veux jj-juste v-vvoir leqqq...quel cc'est.

Piouf ! Ce n'était pas trop mal. Si l'autre comprenait déjà ce qu'il venait de dire, ce serait déjà pas mal. L'inconnu se mit alors à s'éponger le visage à l'aide son t-shirt tandis que Ozvan reporta ses yeux aux stries océaniques sur lui. Au fait, ce garçon s'était présenté non ? Camille, c'est ça ? Ce serait peut-être bien de se présenter aussi ? Ce serait...poli. Ozvan était un couard mais la politesse ne lui faisait pas défaut pour autant. Enfin, il veillait en tout cas à ce que ce ne soit pas le cas.

- Oz-Oz-Oz-O...O...O...

Ozvan serrait les poings et se maudissait intérieurement. Il marqua une nouvelle pause et prit une grande inspiration avant de réessayer :

- Oz-Ozvan !

Ouf, enfin !

- O-Ozvan W-Wagner.

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Hm, Ozvan ne savait pas du tout comment prendre ce sourire qui ne quittait pas le visage du dénommé Camille. Au fond de lui, il avait la sensation que c'était un sourire moqueur comme c'était toujours le cas en général. On ne pouvait pas ne pas le regarder sans un bon rictus narquois sur le visage. Ce qui entrait en contradiction avec cette pensée était le fait que le garçon ne l'avait pas encore insulter ou dit quoi que ce soit de blessant. Ca pouvait toujours venir plus tard évidemment, mais du coup, le rouquin peinait à savoir comment réagir. La question du blond raidit Ozvan sur place. Ou plutôt ce qu'il avait dit après. Parce que le rouquin avait tout sauf envie d'aller demander, d'aller parler à quelqu'un d'autre. Rien que celui-là, c'était déjà suffisant. Ce garçon d'ailleurs avait l'air très à l'aise avec sa jument. Hm ? Mais en fait, le rouquin se rendit alors compte qu'il avait vraiment à faire à un autre résident. Un autre comme lui. Il le toisa fébrilement des yeux. Ce gars là avait l'air tellement gentil, confiance, à l'aise et sans soucis avec les chevaux. Qu'est-ce qu'il pouvait bien faire à Almara ? Il n'avait pas l'air d'avoir de problème apparent. Ozvan ne voulait pas tirer de conclusion hâtive bien sûr mais ce gars là respirait la perfection à côté de lui.

- An...Annn-Angus, finit-il par répondre.

C'était bien ça n'est-ce pas ? Normalement sa mémoire ne lui faisait pas de défaut. C'était bien la seule d'ailleurs.

- I-ich auch... répondit timidement Ozvan, toujours l'échine courbée devant le sportif qu'il avait devant lui.

Ozvan l'observait, décontenancé. Les paroles du jeune homme l'avait prit au dépourvu. Il ne savait pas quoi répondre sur le coup. C'était si inattendu. Il déglutit à nouveau.

- W-ww-www-was ? Euh...M-mmmais-mais n-non, t-ttt-tu n'as r-rien fffait !

Enfin si, oui et non. Ce pauvre Camille n'y pouvait rien mais c'était bien sa présence en elle-même qui perturbait tant que ça le jeune rouquin. Ce dernier cependant n'était pas prêt de le reconnaître. Manquerait plus qu'il se mette à accuser les gens ! Même s'il le voulait, il n'aurait pas eut le cran de le faire de toute façon. Rien que l'idée que l'autre s'interroge sur sa culpabilité angoissait toujours plus Ozvan qui y craignait de possibles représailles. Il ne fallait surtout pas que l'autre pense qu'il le considérait comme responsable de son état.

- D-dddanke p-pour tt-ton aiddde...

Voilà qui semblait un peu plus correct, songeait l'allemand.

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Tant d'élocution si parfaite...C'était désespérant. Ozvan prêtait pourtant une oreille attentive à l'autre qui était également un petit nouveau dans le genre. Quoi que moins nouveau que le rouquin cela dit. Seulement, l'allemand n'était pas seulement paumé comme le disait Camille. Il était paumé dans ce domaine si grand déjà pour commencer. Et enfin, il appréhendait difficilement sa future rencontre avec les équidés.

- Je v-viens d'arriver i-i-ici il y a ppp-peu...s'efforça t-il d'informer, jj-je nn-n'ai encccore jamm-mais vv-v...vu les chhhevvaux.

Lorsque le rouquin lui dit alors quel était le cheval qui lui avait été attribué, le blond parut si surpris que selon Ozvan, ça ne disait rien qui vaille. Visiblement, il connaissait la bête en question. Mais il se garda bien de dire à l'allemand la raison de son étonnement. Ozvan hocha timidement la tête pour confirmer le dit nom que le jeune homme n'avait peut-être pas compris, puis hésita quelques secondes avant de prendre en filature le résident qui accepta de lui montrer où le trouver.

- Jj...ja, répondit-il simplement, sans certitude.

Dans sa marche, il observait du coin de l'oeil les autres chevaux dans les prés d'à côté, se demandant comment les gens faisaient pour avoir le cran de monter pareilles créatures. Quand il les voyait faire à la tv, dans les films de cow-boy ou autre, ça avait l'air si naturel pour eux. Mais dans sa tête, ça restait de la fiction. Voir ces chevaux en vrai était bien plus impressionnant. Mais l'attention du rouquin retourna brutalement sur le blond qui s'était mis à le questionner.

- Hm...J-ja, fit timidement Ozvan, jje vv-viens de B-Berlin...Mmm-mais...

Les raisons qui faisaient qu'il avait vécu un temps en France n'étaient pas les plus joyeuses à raconter. Et d'ailleurs, il n'en trouva pas la force de le faire et se contenta de mentionner l'essentiel à savoir et qui serait le plus à même de satisfaire la curiosité de Camille.

- Jje...J'ai-j'ai...Enfff-ffin...Jjj-je vv-vis chhhez m-ma t-tt-tt-tante en Fffrrance d-deppuis un m-mmmomm-ment mm-m...maintttenn...nant. C'est elle qq-qqui vv-vvoulais qqq...que jj-je vv-vienne icc-ci...

Ils ne tardèrent pas à arriver à une nouvelle prairie où se trouvaient d'autres chevaux mais lorsque Camille passa sous la barrière, Ozvan le fixa, les yeux ronds comme des soucoupes. Il espérait pas qu'il fasse pareil tout de même ? Ils sont nombreux quand même ! Aussi, l'adolescent resta de l'autre côté, et même avec une certaine distance de sécurité avec la barrière en elle-même. Scrutant l'autre résident qui l'attendait en vain.

- W-was...?! Llà-bb-bas...? Nn-nein...!

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De la chance ? Oui, Ozvan pouvait sans doute définir ça comme ça. Mieux valait que ce soit un membre de sa famille qui le pousse dans la bonne direction, plutôt que d'y avoir été contraint par une quelconque forme d'autorité. Le résultat aurait été le même : il aurait fini ici. Mais pas avec le même état mental cela dit ! Au moins, sa tante avait su s'y prendre avec lui, dans l'espoir de finalement le faire céder à sa demande. En aucun cas, elle ne l'avait jeté ici contre son gré. Elle s'était...simplement montré insistante.

- O-oh ja...Ja, jj-je l-l'aimm-me bb-b...beaucc-coup...Jjj-je nn-ne vv...veux pp-pas la déccc...cevoir...

Elle avait déjà fait beaucoup pour lui. Et elle payait son séjour ici assez cher comme ça alors non, il ne voulait pas qu'elle ait fait tout ça pour rien. Il ne voulait pas la décevoir, et ce malgré le niveau 0 de confiance en lui qu'il avait. Ca avait tellement tenu à coeur à la femme que son neveu vienne ici qu'il n'aurait jamais pu refuser plus longtemps sa demande. Quand à savoir s'il se plaira ici, c'était encore une autre histoire ! Dire que les premiers temps, les résidents ne pouvaient entrer en contact avec leurs proches...Quelle torture ! Arrivé à la barrière, le rouquin n'allait pas plus loin, observant l'autre résident.

- M-mais...Mais-mais ils sssssont ggr-grand et il y en a tt-ttel...t-tttellemm-ment...!

Il savait bien que les chevaux mangeaient de l'herbe. Mais tout de même, ils pouvaient mordre, ils pouvaient donner des coups de sabots, ils pouvaient vous écraser en deux secondes sans même le faire exprès ! Devant le léger rire du blond, Ozvan se sentit plus misérable que jamais. L'autre avait tellement l'air à l'aise avec ces bestiaux. Forcément, à côté du citadin ringard qui voulait pas même passer la barrière, il y avait sans doute de quoi bien se marrer.

- Jj-je ppp-peux le vvvoir ddde-de-de...de loin aussi...proposa l'allemand à la suggestion de Camille.

Le jeune homme observa alors la main tendue, sans pour autant s'en saisir, jusqu'à ce que l'autre lui présente finalement de loin le cheval qui était sien. Il observait les chevaux plus loin, cherchant à savoir lequel exactement était désigné. Et s'il parlait effectivement du tout grand là-bas...Ozvan devint livide rien qu'à le voir.

- Ccc-ce-ce-ce gggé-géant là-bbb-bas ?! Oh m-mmein Gott !! Unnn-mm-mmöggg-glichhh ! I-i-i-il dd-doit y-y-y a-a...avoir une eee-erreur...!

Qu'est-ce que c'était que ce monstre qui faisait deux têtes de plus que les autres ? C'était une blague non ? Oui, ça ne pouvait pas être autre chose qu'une vilaine blague qu'on lui faisait en lui faisant croire qu'il devra s'occuper du plus grand cheval du domaine.

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Oui, de loin c'était déjà pas mal. Et quand bien même, ils ne seraient jamais assez loin aux yeux de Ozvan. Et bon sang que cette barrière ne lui paraissait pas haute du tout ! Le jeune rouquin hocha timidement la tête. Est-ce qu'un jour il parviendra à faire comme le blond ? Passer dans l'enclos avec une aisance aussi incroyable ? Ca lui paraissait tellement impossible...Si on mettait un enclos après tout, ce n'était pas pour rien. Ce n'était pas logique de pouvoir s'y faufiler comme bon nous semblait. L'autre garçon était tellement dans son élément qu'il s'assit au sol, dans l'herbe, sous le regard d'un Ozvan aussi admiratif qu'effaré. Ce gars là n'avait vraiment pas peur. Et si un animal le chargeait ? L'allemand reporta son regard sur les équidés en troupeau au loin qui ne s'occupaient pas des deux jeunes résidents à la clôture. La simple vu d'Angus au loin tétanisa d'avantage le rouquin qui ne comprenait pas pourquoi il avait droit à ce bestiaux de la taille d'un éléphant. Pourquoi donner une telle masse à quelqu'un d'aussi chétif que lui ? Quelle blague !

- N-nein ! Au-au-ausss-ssi g-g-g...grandd-de qu-que çça...? Rrre-ggg-garde cc-co-comme il est ggigigi-gigg-ganttt-tesssqu-que ! A-a-aa...avec une pp-pelle à l'aa-avant, on ppp-ppourr-rait le pp-prenddd-dre pp-pour un bbb-b...bulldd-dozer...!

Quitte à choisir, il aurait voulu avoir la jument blessée qui valait des cents et des milles ! Non pas qu'il aurait été à l'aise avec, mais sûr qu'elle était sans doute moins impressionnante que ce truc au fond du pré. En plus, si elle était blessée, elle était sans doute moins menaçante du coup. Ozvan s'était approché de la barrière qu'il avait agrippé dans ses mains tel un bouclier qu'il souhaitait brandir devant lui alors qu'il observait avec l'angoisse au fond de la rétine l'imposante silhouette du cheval de trait. Camille reprit, lui assurant que les choses iront mieux avec le temps.

- Ooo-oh jj-je n-ne cc-crois pp-pas...Jjje n'y arrivvv-verais jj-jamm-mais !

Pourquoi ? Pourquoi on lui avait pas filé un de ces petits poneys pas plus haut que trois pommes qu'il avait déjà vu de loin ? La vie était tellement injuste. A croire que c'était fait exprès de le mettre dans les pires situations possibles. Lui qui pensait qu'il pouvait réellement s'améliorer en venant ici, comme sa tante le lui avait promis. Il avait eut un maigre espoir tant on lui avait vanté les mérites du domaine. Mais à présent...Tout s'était envolé à la vue d'un simple animal.

- Bbb-ben...

Peur des chevaux ? C'était peu de le dire. Il avait peur de quasiment tout. Les chevaux comme ça aurait pu être autre chose finalement. Ou du moins, dès qu'il s'agissait d'un animal un peu trop gros à ses yeux. Il ne fuirait clairement pas devant une souris et pourrait même trouver ça mignon. Du coup, il baissa un temps le regard, incapable de répondre à cette question. Toutefois, le reste de la proposition du blond était peut-être bonne à prendre. Il y avait peu de chance pour qu'il soit tout autant à l'aise avec un autre cheval. Mais bon, pourquoi pas après tout ? Surtout s'il était moins grand et pas en liberté, et blessé en plus...

- Hm...P-p-ppp...peut-êttre...fit-il d'une petite voix, en pp-plus, jjje ne cc-co-connais p-ppp...pas les ll-lieux encc...core. Je ne ss-sais mmême ppp-pas où est l'é-l'écc-curie.

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Et voilà, l'autre garçon se paya à nouveau sa tête en riant aux éclats. Ozvan avait bien sentit qu'il avait dit un truc stupide comme d'habitude. Il devait paraître tellement ridicule d'avoir peur d'un cheval. Il devait être le seul du domaine d'ailleurs. Pourquoi on enverrait quelqu'un qui avait peur des chevaux dans un endroit où il n'y avait que ça ? Cet endroit, décidément, n'était pas une si bonne idée que ça. Le rouquin se mordit légèrement la lèvre sous le rire du blond. Ce dernier en vint néanmoins à lui donner raison sur un point : ce cheval était bien imposant. Ozvan n'avait pas l'impression d'avoir exagéré sur la comparaison en tout cas. Il ne put alors que confirmer les paroles de l'autre résident d'un timide hochement de tête. Costaud était encore bien trop faible pour décrire cet équidé. Il n'était pas aussi d'accord cela dit sur la jument dont Camille semblait être si fier. Mais trop tard. Il avait accepté de le suivre. Et puis d'un autre côté, ça lui permettra d'en voir un peu plus sur le domaine car il était vrai que malgré le fait qu'il ait déjà tourné en rond sur Almara pour chercher juste les prairies, il n'avait finalement pas tellement fait attention où il marchait.

L'allemand eut un mouvement de sursaut devant la tape pourtant amicale du blond qui avait à nouveau passé la barrière. Ozvan était soulagé de ne pas avoir à pénétrer cet enclos. Ce n'était que partie remise, il en avait bien conscience, mais pour le moment, c'était déjà une fois d'esquiver et ce n'était pas pour lui déplaire. Il tenait vraiment à mettre le plus de distance possible entre lui et le troupeau de bestiaux qui paîtrait dans les prés. Aussitôt, le rouquin emboîta le pas du blond sans jamais se tenir à sa hauteur, gardant toujours deux ou trois pas d'écart en arrière. Camille reprit la parole, annonçant un programme pas trop mal, qui aurait été mieux sans le passage chez la jument mais bon. Mais soudain, le rouquin sentit son coeur loupé un battement.

- W-was ? Mm-mmon-mon-monttt-tter à chhhev...cheval...?? O-o-o-on ddd-doit mmm-montt-ter à chhhevvv...val i...ici ?

Camille avait une sacrée cadence. Ozvan se débrouillait pour le suivre au mieux. Il était loin de partager l'enthousiasme de l'autre résident, surtout en sachant où il se rendait actuellement. Il fut pris au dépourvu sur les nouvelles excuses du blond. En vérité, il n'avait même pas fait attention à la dite odeur. Elle restait moins marquante que celle des chevaux, du foin ou du fumier.

- Jjje....je-je...M-mais n-non, je...Euh...

Il ne savait pas quoi répondre sur le coup. Il n'avait pas envie que l'autre pense être dérangeant de quelque manière que ce soit. Le seul était censé l'être était lui et rien d'autre. Oui, il dérangeait, c'était pour ça qu'il avait toujours eu des problèmes avec les autres jeunes, que ce soit à l'école ou ailleurs. C'était lui, le rouquin, qu'on accusait de sentir mauvais -pourtant il avait une hygiène irréprochable, sans doute à cause de ses fausses accusations d'ailleurs...- C'était lui le fardeau, celui qui ne savait rien faire de ses dix doigts, incapables d'élever la voix, de se défendre, de réagir. C'était lui qui passait sa vie à s'excuser pour un oui ou pour un non, une habitude devenu systématique dès qu'il prenait la moindre initiative en présence de quelqu'un. Ce n'était pas aux autres de s'excuser. Surtout pas à ceux qui étaient aussi parfaits, aussi beaux, aussi propres, aussi blonds, aussi à l'aise que le sportif qui lui servait de guide.

- C'est ppp-pplu-plu...plutt-tôt mmm-moi qui-qui m'exx...m'exxx...m...

Diable que ce mot était galère à prononcer !

- ...Qu-qui sssuis dd-d-désolé de tt-te fff-faire ppp-perd-dre tt-t...ton ttt...temps...Tu-tu as sûrrr-rement mm-mieux à ff-f...faire.

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Ozvan tressaillit. S'approcher de ces bestiaux était une chose, monter sur leur dos et jouer les cow-boy en était une autre. C'était amusant à la télévision, mais sûrement pas en vrai. Pas pour lui en tout cas. Il s'imaginait déjà se casser tous les os du corps en se prenant un rodéo en pleine figure. Malgré les mots du blond, le rouquin ne comptait pas en parler au directeur pour en savoir d'avantage. Ce n'était pas son genre de poser ce genre de question et puis...il n'avait pas vraiment envie de savoir en fait si c'était obligatoire ou non. Il craignait une réponse tout ce qu'il y avait de plus positive et ça n'en serait que plus démoralisant. Il était déjà assez bien servi comme ça sur le sujet, il ne voulait pas savoir des choses encore pires que ce qu'il craignait. Soudain, Camille se stoppa net et l'allemand freina maladroitement, manquant de peu de lui rentrer dedans, levant son regard vers lui.

- O-oh...I-il y a sûrr-remment d-d-d...d'auttt-tres pp-pensi-sionn-naires mm-mieux qu-ququ...que moi pp-p...pour çç-ça...

Oui, discuter avec quelqu'un était sûrement sympa. Mais les conversations pour Ozvan, en plus d'exiger des efforts, était une chose dont il n'avait clairement pas l'habitude. A bien y réfléchir, il s'attendait depuis longtemps déjà à ce que celle avec le blond prenne une tournure bien plus désagréable que ça. Pourtant, rien ne se produisit et ça lui faisait un drôle d'effet. Toutefois, le rouquin n'était pas du genre à faire confiance en la chance, se disant que ce n'était que partit remise et qu'à un moment ou l'autre, il allait lui arriver une bricole avec ce résident. Les coups bas, il ne les connaissait que trop bien. On s'était joué de lui plus d'une fois et à chaque fois, il tombait dans un nouveau panneau quand on prétendait vouloir s'entendre avec lui. Ce n'était qu'une fois supplémentaire et rien de plus...Ozvan emboîta à nouveau le pas du garçon quand ce dernier reprit la marche.

Au bout d'un moment, l'écurie se faisait voir au loin et Ozvan devina assez aisément que c'était son lieu de destination, dont il appréhendait très mal l'arrivée. Sur place, il y avait d'autres résidents déjà là, avec leur monture. Le rouquin baissa instantanément le regard pour éviter de croiser le leur. Pourquoi diable Camille avait ralenti le pas ? Ozvan avait l'impression que cette traversée durait une éternité sous les regards oppressants des autres ! Enfin, ça c'était dans sa tête. En réalité, les autres pensionnaires faisaient à peine attention à leur passage. L'allemand continua de suivre le blond, accéléra un peu la marche à son signe, aussi docile que si on lui en avait donné l'ordre express. Il se tint néanmoins à une certaine distance du box devant lequel s'était arrêté Camille qui avait saluer son animal avec amour dans la voix.

Enfin, la tête du cheval ne tarda pas à passer par dessus la porte -ça ne devrait pas être possible ! N'importe quel cheval pouvait mordre au passage le premier venu !- Ozvan déglutit, observant la jument toute blanche qui quémandait sa petite gâterie du moment. Le rouquin fut alors étonné de voir l'autre résident s'adresser à l'animal pour faire les présentations.

- C...ça n'a pp-pas de sss-sens...Elle ne pp-peut p-pas com-compp-prend-dre cc-ce qu-qu...que t-tu lui dd-dis...marmonna t-il d'une petite voix en craignant de vexer l'autre pensionnaire.

Et s'il s'agissait d'un type pas bien dans sa tête qui croyait pouvoir parler aux animaux ? Tout était possible dans ce domaine après tout. Les résidents pouvaient être aussi instables que leurs chevaux. A la question du jeune blond, Ozvan s'efforça d'approuver ses dires d'un timide signe de tête. Joli, joli...Sans doute parce qu'elle était bien blanche et toute fine, on pouvait lui déceler de la grâce en effet. Plus qu'à celui qu'il avait vu au pré en tout cas.

- Ha ! s'exclama t-il de frayeur lorsque Camille lui saisit subitement la main.

En un rien de temps, il avait bien cru que ce moment atroce qu'il attendait de voir venir depuis le début n'arrive. Mais à la place, il se retrouva avec un bout de pomme dans la main. Son regard s'arrondit à la proposition de l'autre résident.

- Hein...? N-nein ! Les chhhh...chevaux ont dd-des dd-d...dents énorm-mes ! Jj-je...Elle...vv-va mm-mme...me mm-m...mordd-dre !

Codage par Libella sur Graphiorum

Ozvan ne voulait pas prendre Camille pour un fou sous prétexte qu'il parlait aux chevaux. Seulement, il avait un esprit très rationnel qui fonctionnait majoritairement par logique. De ce fait, il n'avait fait que déceler un non-sens des plus flagrant en voyant un être humain tailler la bavette avec un équidé comme si ce dernier était doué de parole, de raisonnement ou de compréhension d'un tel langage. Mais apparemment, ce garçon était capable de croire que c'était le cas. Ozvan préféra ne pas donner de réponse à cela, hochant timidement la tête.

Le geste de Camille, qui avait dû lui paraître bien banal, avait finalement effrayé tout le monde aux alentours, que ce soit la jument, ou même lui-même, par un Ozvan prit par surprise. L'allemand avait d'ailleurs mal appréhendé la réaction de l'animal à cela. Camille s'empressa d'essayer de rassurer le rouquin sur les possibilités de morsure de la jument, notamment à l'aide d'une démonstration. Ozvan déglutit. Ce n'était pas parce que lui était capable de le faire qu'il en était de même pour tout le monde. Et puis, la jument le connaissait bien. C'était pour ça qu'il risquait bien moins que l'allemand. Ce dernier déglutit aux explications du résident, pas franchement convaincu de la réussite d'une telle...épreuve. Il observa le blond et la jument à tour de rôle, avant de baisser les yeux vers ce bout de pomme qu'il tenait toujours dans sa main.

Il finit par tendre doucement la main tenant la pomme vers la jument mais...Dommage, il n'avait pas le bras assez long ! Il allait être obligé de se rapprocher. Le jeune homme se lança alors, par petits pas minutieusement calculés, le corps penché légèrement vers l'arrière comme s'il s'apprêtait à décamper en quatrième vitesse au moindre geste suspect. Plus il se rapprochait de la tête de l'animal et moins il avançait vers elle, moins son bras se tendait également. Et son visage était déformé par une expression d'angoisse. Finalement, il se ravisa au dernier moment, ramenant aussitôt son bras à lui et se reculant d'un pas.

- Et-et-et s-si-si jjj-je mm-mett-tt...mett-tais un gg-g...gant...? Jjj-just-te au cc-cas-cas où...?

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Le jeune homme était tout sauf rassuré à l'idée de ce premier contact avec un cheval. Il craignait autant un sale coup de dernière minute de la part de Camille que de la part de l'équidé. Il craignait également de mal faire et d'en subir les conséquences. Qui sait après tout ce qui pouvait se passer dans la tête d'un animal. "Ne réfléchis pas" mais quelle idée ! C'était bien la seule chose que Ozvan arrivait bien : réfléchir. Si maintenant, fallait lui priver de ça, il en était pas rendu. Dépité, le rouquin avait bien sentit qu'il venait de grandement décevoir le blond à ses côtés, en entendant le soupire de ce dernier. Et oui, il était lamentable, mais ça, il le savait déjà. Pourquoi essayer d'être autre chose que ce qu'on était de toute manière ? C'était peine perdue. Se détendre ? Bien plus facile à dire qu'à faire ! Surtout pour la boule de stress qu'était l'allemand. Il aurait vraiment eut envie de gants malgré tout. Mais il n'osa pas insister. Le blond avait dit non, c'était non et ce n'était pas le rouquin qui allait pouvoir imposer quoi que ce soit. Il se résigna alors à la décision de l'adolescent.

C'est alors que Camille changea totalement de sujet. Il se mit à parler de films, Ozvan fut assez étonné par ce revirement de conversation. En revanche, il avait bien du mal à savoir quoi lui répondre. Il regardait la télévision de temps en temps, c'est vrai mais le cinéma était loin d'être son truc. Tout ce qui poussait à sortir d'entre les murs de la maison n'était pas son truc ! Tout ce qui serait susceptible de lui faire côtoyer des gens, il l'évitait. Dommage, l'autre pensionnaire avait l'air si passionné par cela...Mais c'était une passion qu'il ne pourrait partager avec l'allemand. En plus, les films qu'il regardait étaient rarement des trucs de super-héros, où ça cognait juste dans tous les sens avec des effets spéciaux de fou.

- J-jj-j...je nne vv-vais j-jamm-mais au cinéma...avoua t-il un peu piteusement, et je-je ne regg-gard-de pp...pas tt-ttelll...lement ce genre d-dd-de films, dd-désol-lé...

Le jeune blond continua de gratifier la jument de caresses et d'une nouvelle friandise sous le regard désespéré d'Ozvan.

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Chacun ses goûts comme on disait. Mais pour Ozvan, dès qu'il n'était pas sur la même longueur d'onde qu'un autre, il prenait ça pour un mal et s'en jugeait coupable comme s'il y pouvait quelque chose. Camille n'avait sans doute pas fini d'être surpris par celui qui se rabaissait tout seul plus bas que la semelle de ses semblables. D'ailleurs le terme de "s'amuser" avait l'air de bien mal passé dans l'oreille du rouquin. Pouvait-il vraiment dire qu'il avait de quoi s'amuser dans la vie alors qu'il n'arrivait absolument pas à profiter de cette dernière ? Ozvan fut contraint d'avouer qu'il n'avait pas tellement d'activités dans son existence, notamment parce qu'il avait toujours peur de mettre le nez dehors. Il hocha timidement la tête à l'exemple donner par le blond. Oui, il l'avait vu à l'oeuvre en effet. Alors c'était donc de la course à pied qu'il faisait lorsqu'il avait débarqué à proximité des prairies ? Il aurait pu s'en douter, mais évidemment, son esprit avait préféré ne rien voir d'autre qu'une agression.

- J-jj-j...je lis bb-beau-b...beauc-c...coup, finit-il par répondre, jj-j'ét-t-t...tud-dis. Je-jj-j...je regg-garde surttt-t...tout des doc-cumment-t-t...taires à la tt-t...télévvvisssion.

Lorsque Camille s'approcha de l'allemand dans l'espoir de le faire avancer vers la jument impatiente d'avoir davantage de récompense, le jeune homme se braqua aussitôt après avoir reculé d'un pas comme si on venait de lui promettre vingt coups de fouet. Autant dire qu'il était en sueur et pas pour les mêmes raison que le sportif. C'était pourtant pas faute de vouloir plaire à ce dernier, de faire ce qu'il disait, de croire en lui mais...Ce n'était jamais aussi évident pour Ozvan. Dans son cerveau, il y avait comme un blocage dès que des interactions trop poussées devaient se faire.

- Jjjj-je...j-je...j'ai...j'aim-J'aimer-rais...bégaya le jeune homme, mm-m...m-mmais-mais...j-jj-j'y arr-rrive pp-p...pa-pp...pas...dr-dr...D-dränge m-m...mich n-n...nicht, b-bb...bitt-t...tte...

A nouveau, le rouquin refit une tentative. Il déglutit difficilement avant de tendre à nouveau son bras sans aucune grâce, le bout de pomme dans le creux de sa main moite -il en avait d'ailleurs pris la chaleur à force d'y rester- L'allemand était aussi raide qu'un radiateur et c'était ainsi qu'il avait avancé pour la seconde fois à petits pas incertains vers la tête de la jument blanche. Celle-ci l'observait avec attention et patience. Finalement, lorsque le morceau de pomme fut enfin à porter de l'animal, celui-ci tendit l'encolure pour prendre son bien. Mais à peine ses lèvres duveteuses avaient-elles effleuré la paume d'Ozvan que ce dernier eut tout bonnement pour réflexes d'ôter aussitôt sa main. La jument l'avait presque eut, à une seconde près. Elle avait sans doute pu sentir déjà le goût sucré du fruit, mais Ozvan avait retirer sa main trop tôt et le morceau de pomme avait glissé jusqu'au sol.

- E-e-e...es t-ttt-t...tut mmm-mir echttt ll-l-l...leiddd... ! s'angoissa aussitôt l'adolescent comme s'il venait de commettre l'irréparable.

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Le jeune rouquin avait effectivement déjà ouïe dire d'une bibliothèque dans le manoir. Seulement, il n'avait pas encore prit la peine d'explorer ce dernier plus en profondeur. Ceci dit, faire un tour voir ce que cette pièce avait à lui offrir était naturellement dans son programme à venir.

- J-Ja, je ss-s...sais mm-mais j-je n'y sss-suis pp-p...pas encc...core allé pp-pour l'insst-stant.

Il y avait de grandes chances pour que, à l'avenir, ce soit la bibliothèque ou sa chambre qu'il fréquentera d'avantage que les écuries ou tout autre salle du manoir. Avec un peu de chance, la bibliothèque sera un endroit désert où le rouquin pourra se retrouver avec lui-même en toute quiétude, bien qu'il n'était pas assez optimiste pour l'espérer. Pour le moment, sa seule espérance était de trouver des ouvrages intéressant là-bas. Pourvu que ce ne soit pas que des livres sur les chevaux.

Ozvan avait réessayé de s'approcher de la jument, sous les encouragements enthousiastes et prometteurs du blond. Mais il fut encore trop surpris de la soudaine proximité avec l'animal lorsque le contact se fit que cette nouvelle tentative n'aboutie pas, au grand dam du sportif. Et de la jument sans nul doute. C'est qu'elle le voulait, son bout de pomme qu'on lui passait sous le nez depuis trop longtemps à son goût. Perturbé et tout autant frustré de son échec, Ozvan se passa les mains dans sa tignasse flamboyante tandis que Camille lui assura malgré tout que ce n'était pas grave et que ce n'était que partie remise. L'Allemand opina du chef, bien que totalement dépité. Le blond proposa alors de s'en tenir là pour continuer le tour du proprio.

- Hm...Ja...répondit l'adolescent dans un soupire.

Comment arrivera t-il donc à s'en sortir dans cet endroit ? Ca semblait si mal partit. Malgré tout, le jeune homme suivit le premier jusqu'à une porte, avant que Camille ne lui fasse part de ses soucis dans les langues étrangères, ce qui eut le dont de mettre le rouquin d'avantage mal à l'aise. L'Allemand ressortait automatiquement chez lui, surtout sous l'influence du stress qui empêchait le jeune homme de se souvenir de quelle langue employée dans le feu de l'action. La langue natale ressortait tout naturellement.

- O-oh...Euh... C-ça veut dd-d...dire..."Jjj-je...suis vr-vr...vraim-ment dd-d...désol...solé.."

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