Tu peux toujours courir. | PV Jérémie / FINI

Tu peux toujours courir.

Un centre avec des chevaux, voilà mon quotidien depuis quelques jours... Décidément, je me demande encore pourquoi j'avais dit "oui". Sûrement pour ne pas me retrouver à la rue sans rien. Et alors, qu'est-ce que ça aurait fait que je me retrouve à la rue... ? Mais valait-il mieux que je reste dans mon centre de désintox et psychiatrique, enfermée entre quatre murs, fliquée comme pas possible et avec des gros débiles ? Ou bien, je pouvais choisir un grand manoir plutôt classe à la campagne, au milieu de rien avec des champs et de la nature à perte de vue et... Bon ok, avec des gens pour me surveiller et d'autres gens "noeud-noeud". Mais le fliquage était moins important. D'ailleurs, j'avais même rencontré mon "camarade de chambre", comme il l'appelait... Eh bah, lui aussi, il en tient une couche !
Ouais, en réalité, mon choix était vite fait, j'était mieux ici, même si les chevaux ça pue, c'est moche et inutile. D'ailleurs, on avait même fait l'erreur de me confier une de leur petite bébête si précieuse... "Ma jument", drôle de façon de l'appeler. Elle s'appelait comment déjà... Ah oui, Bella Vanilla. Tss, ridicule comme nom, non ? Ouais, complétement. Je soupire alors que je me redresse sur une botte de paille, la paille, c'est bien, mais ça gratte, en plus, je commence à avoir froid. Il faudrait quand même que j'aille voir cette jument, non ? Histoire de voir à quel point elle est sauvage, qui sait, peut-être qu'elle pourrait même me blesser et hop quelques jours à glander à l'infirmerie ? Mh, bonne idée. Mais de toute façon, qu'est-ce que je risque avec un animal pareil ? Sauvage, ça, j'aimerais bien voir... On verra des deux qui sera la plus têtue ! J'vais la faire obéir, vous allez voir.

Je me dirige, jean et basket, pas vraiment une tenue idéale pour l'équitation, je vous l'accorde, je replace mes bracelets et passe ma main dans mes cheveux pour les "recoiffer", direction le pré. On m'a dit qu'elle ne pouvait pas être mise dans un box et qu'elle fuyait beaucoup. Je la comprends, qui aimerait être enfermé dans une toute petite boîte, obligé de côtoyer les autres chevaux ? Alors qu'il y a des prairies pour être libre ? Et les barrières, à quoi elles servent si ce n'est pour les sauter ? Pourquoi vivre entre quatre murs, entre des barrières alors qu'il y a toute la planète à parcourir... ? Mh, non, moi, je n'aime pas vraiment voyager, j'veux juste être tranquille, mais pour un cheval, ça ne doit pas être cool d'être retenus ici, ils sont un peu prisonnier eux aussi, non ? Mpf.

Alors voilà, elle est là. Ma "splendide" jument... Eh, bah, qu'est-ce qu'elle est moche. Elle est crade et son crin est plein de boue... Personne ne la lave ? Pff. Je saute par-dessus la barrière, je grimpe et saute pour me retrouver dans le pré. De l'équipement ? Aucun, je sais même pas quoi prendre... Mais j'en ai pas besoin, hein ? Alors je siffle, avant de crier :

- Eh toi, là ! Viens ici ! ordonnais-je en criant.

On m'avait déjà donné quelques conseils, sûrement, mais bon, je ne suis pas du genre à les suivre. Alors je m'approchais rapidement de la jument qui ne tarda pas à hennir et à courir dans le sens opposé à mon emplacement. Je fronçais les sourcils avant de serrer les dents... Mais sérieusement ? C'est quoi son problème ? Les animaux ne sont pas censés nous obéir ? Alors je continue d'avancer...

Notre ballet dur presque 15 min, je n'ai presque plus de patience... Si elle continue, je vais vraiment m'énerver et au pire bah je l'abandonne ici ! Sans eau. Enfin, ce n'est pas moi qui irais lui remettre de l'eau dans son abreuvoir, elle va voir qui commande ici ! Oui, peut-être que quelqu'un d'autre le fera...
Mais ce n'est pas moi qui céderai à son petit jeu ! D'ailleurs, j'ai perdu ma patience. Je commence à détacher ma ceinture, j'enroule le côté où il n'y a pas l'attache en fer autour de ma main et mon poignet et je fais claquer l'autre bout - donc avec l'attache en fer - sur le sol... Elle veut jouer à la plus maline ? Elle va voir ! Je m'approche avec ma ceinture, prête à la fouetter, on verra qui aura le dernier mot face à l'usage de la force !

Bon, il faudrait déjà que j'arrive à l'atteindre...

- Citron.

Tu peux toujours courir

We're bored to death in heaven and down alone in hell

L'écurie était un peu trop encombrée actuellement aux yeux de Jérémie. A croire que tous s’étaient donné rendez-vous au même moment pour s’occuper des chevaux. On ne pouvait jamais vraiment se plaindre lorsque les résidents prenaient à cœur leurs responsabilités et leur temps à enfin s’occuper des équidés qui leur avait été assigné. Mais c’était tout de même un peu de trop pour le jeune homme qui n’appréciait guère ce surplus d’âmes réunies au même endroit. Aussi, il décida de s’en éloigner. Ce n’était pas le travail qui manquait ailleurs après tout. Face à la météo clémente en ce jour, il en profita pour prendre d’avantage de recul avec les bâtiments du domaine pour se rendre du côté des prairies. Jadis, c’était un endroit où il avait souvent aimé s’isoler pour retrouver la solitude qui lui manquait. Il semblerait que ce trait de caractère ne l’avait jamais vraiment quitté. Actuellement encore, il prenait plaisir à se ressourcer dans le silence des lieux, à observer les chevaux qui paîtraient dans leur coin, à s’étonner d’apprécier la nature alors qu’il était à l’origine un parfait petit citadin.

Jérémie longeait les sentiers cernés des longues herbes résistantes à la saison actuelle. Un chemin déjà mille fois emprunté. Généralement, il était rare qu’il y croise du monde. Ici, il n’y avait rien à part les chevaux, la brise légère, le soleil qui était enfin démarqué dans le ciel, les graviers qui roulaient sous ses semelles, les pâturages entourés de barrières et cette fille qui…courait après un cheval ? Devant la silhouette lointaine d’une adolescente qui donnait l’impression de jouer à chat avec un équidé, le jeune homme avait freiné l’allure avant de s’arrêter, plissant le regard, intrigué. Même de loin, il se rendit bien compte que la fille en question n’avait pas l’air de s’amuser du tout. Elle ressemblait plus à une gamine désireuse de toucher un cheval par tous les moyens sans s’y prendre de la bonne façon. Jérémie fronça légèrement les sourcils. Cette gosse ne faisait qu’effrayer un cheval déjà assez traumatisé comme ça. Ca ne devrait pas être autorisé de laisser des jeunes de ce genre seul avec un animal –bon, il pouvait parler mais n’avait pas vraiment fait mieux à l’époque donc bon !-

Le jeune homme avait observé ce petit manège ridicule pendant quelques minutes, se demandant s’il devait mettre un terme au calvaire de la jument où s’il devait laisser la fille s’épuiser stupidement à lui courir après. A vrai dire, les deux étaient très tentant. Mais soudain, alors que l’adolescente s’était enfin arrêtée et que Jérémie se disait qu’elle allait partir, il la vit se débarrasser de sa ceinture. Son sang ne fit qu’un tour en se rendant compte de ce qu’elle avait derrière la tête, son attache en main et essayant à nouveau d’approcher le cheval. Bondissant comme jamais il ne l’avait probablement fait auparavant –moins encore dans un enclos-, le jeune homme passa au-dessus des barrières avec une agilité déconcertante. Sur ses jambes de gazelle, il n’eut aucun mal à se rendre auprès de l’inconnue en deux secondes. Assez vite en tout cas pour lui empoigner fermement la main avant que celle-ci n’eut le temps de tenter quoi que ce soit à l’encontre de la jument.

- Si c’est de cette manière que l’on se fait comprendre, on devrait peut-être user de cette méthode sur toi.

Ouais, ce n’était pas trop ce qu’on prônait comme pédagogie ici, ni même comme façon de parler aux résidents. Si on apprenait ça, Jérémie n’aurait sans doute pas d’excuses et se ferait remonter les bretelles. Mais il s’en moquait totalement. Il n’avait jamais été du genre à mâcher ses mots. Il n’était pas comme tous les autres à brosser les jeunes dans le sens de poil pour les amadouer. Il pensait aux chevaux avant tout et n’hésitait jamais à se montrer froid voire même menaçant pour les défendre contre la folie de certains. Tandis que l’équidé gardait ses distances à l’autre bout du pré, Jérémie força l’adolescente à baisser le bras. Il déroula la ceinture de son poignet avant de la lui rendre sans délicatesse.

- Refais ça encore une fois et à mon avis ton séjour ici sera de courte durée.

Lui-même à l’époque n’avait jamais osé lever la main sur un cheval –sur les autres résidents en revanche, c’était autre chose !-. Il était sans doute prêt à passer l’éponge en ce jour, mais ce ne sera qu’une unique fois.

Code by Laxy

Tu peux toujours courir.

J'entendais la jument hennir. Elle avait peur ? Parfait. Non, je ne pense pas que c'était ça... peut-être qu'elle se moquait de moi ? Je fronçais les sourcils, maintenant, c'était un combat entre elle et... Je sentis mon poignet se bloquer alors que j'allais à nouveau fouetter le sol. Entre elle, moi et ce mec ? Qu'est-ce-

- Si c’est de cette manière que l’on se fait comprendre, on devrait peut-être user de cette méthode sur toi.

PARDON ?
J'étais un peu surprise, cette stupeur m'avait fait m'arrêter nette et surtout m'avait plongé dans un moment de réflexion intense : c'était qui lui ? Et surtout, de quel droit il osait me parler comme ça en fait ? C'était quoi son problème à cette brindille ? Il voulait prendre la place de la jument ?! brindille, brindille, je peux parler moi.

- Refais ça encore une fois et à mon avis ton séjour ici sera de courte durée.

Ah oui. Il veut vraiment mourir en fait ?! C'est quand je sentis mon bras se baisser et le garçon m'arracher ma ceinture que je reprenais mes esprits, mon premier réflex était de me reculer, avant de venir le charger, le prenant par le haut de sa veste, un regard noir, se voulant impressionnant, enfin ce que ma petite carrure pouvait impressionner :

- C'est quoi ton problème, co**ard ?! criais-je en approchant ma tête de la sienne.

Je le poussais d'un coup sec, essayant de le déséquilibrer. Je m'approchais à nouveau, essayant de faire ma grande, et fermant mon poing.

- J'peux savoir de quoi tu te mêles ? C'est ta jument ? J'crois pas ! Alors la ramène pas, et ouais, on a souvent utilisé cette méthode sur moi, et alors, tu vas pleurer pour cet animal ? Elle a qu'à écouter si elle veut pas s'en prendre une !

Mon discours était légèrement incohérent, je l'admettais. Mais, petite, ça fonctionnait quelques fois, même avec moi, enfin, une heure, voir cinq minutes. Je fixais l'intrus, oui, c'était un intrus, un nuisible entre la jument et moi, crachant parterre de dégoût, j'étais prête à lui coller mon poing dans la gueule. Sérieusement, il s'est vu avec sa face de rat ?

- Si t'as les couilles, viens te battre, tu veux défendre cette pauvre jument ?!

Ah. Il m'avait énervé. Mais on m'avait bien dit de faire attention, que je tomberais sur plus fort que moi... Mais là, déjà, il s'était permis de me toucher et en plus, il me menaçait.

- Si t'es si malin comme ce c*n de directeur qui me file une jument que j'peux même pas approcher, dis moi comment faire !

Est-ce que je voulais du tout cuit dans la bouche ? Oui, c'est ça.

- Citron.

Tu peux toujours courir

We're bored to death in heaven and down alone in hell

Le simple fait d'entendre cette pauvre jument hennir de frayeur poussait d'avantage Jérémie à prendre les choses en main. Dommage pour cette demoiselle mais il n'était ni prof, ni médecin, ni psy et donc n'était pas du genre à savoir s'y prendre avec les jeunes à problème de ce domaine. Ou du moins, pas suffisamment sans doute. Le fait étant qu'il ne cherchait pas vraiment le contact avec eux et tant qu'il pouvait les éviter, tout irait pour le mieux. Seulement des fois, comme maintenant, il n'avait pas le choix. Les chevaux de ce domaine lui avait tout appris, bien plus que les humains au cours de ses deux décennies d'existence. Il leur devait bien ça. Il leur devait d'en prendre soin et de les protéger autant qu'eux avaient su lui apporter amour et réconfort que l'être humain n'avait jamais su lui apporter. Ces animaux ne méritaient pas qu'on s'en prenne à eux de la sorte. Un tel châtiment était juste pour pour les gens.

Jérémie avait arrêté le geste de la jeune fille avec aisance. Faut dire qu'il était bien plus fort qu'elle. Le regard qu'elle lui lança parlait autant qu'elle aurait pu le crier. Elle n'en revenait tout simplement pas de cette intervention. Comment osait-on l'interrompre, voilà probablement ce qu'elle se disait. Mais Jérémie lui rendit un sombre regard. La résidente ne comprit pas sur le moment. Après tout, les deux ne se connaissaient pas. Elle serait tout à fait en droit de se demander ce qu'il fabriquait ici. Quoi qu'elle pouvait peut-être se douter qu'il travaillait au domaine. Rares étaient les étrangers qui pénétraient ici. Plus rare encore ceux qui entraient en contact avec les résidents étant donné les interdictions à ce sujet. La demoiselle ne se laissa pas faire. Après s'être dégagé de lui, elle revint le saisir par le col. Autant dire qu'avec sa petite taille par rapport au mètre quatre vingt de l'homme, il était très difficile pour lui de la prendre au sérieux. Surtout quand elle tenta de le repousser, et qu'il en bougea à peine sans lâcher son regard du sien et pas le moins du monde impressionner par la fureur de cette gosse. Avait-il été comme ça à l'époque lui aussi ? Ca commençait à remonter à loin à force. Mais il n'avait sans doute pas été un enfant de coeur non plus.

- Toi aussi, j'te conseille d'écouter si tu ne veux pas t'en prendre une, répliqua froidement le jeune homme.

Il s'avança de quelques pas vers elle, bien décidé à lui faire comprendre qu'elle aurait beau hurler et s'énerver, ce n'était pas elle qui aurait le dernier mot. Elle ne le pouvait pas. Entre ces murs, ce n'était certainement pas elle la cheffe.

- Ce n'est peut-être pas ma jument mais elle fait partie de mes protégés, comme tous les autres chevaux ici, et je ne tolère pas qu'on lève la main sur eux.

Evidemment, ce n'était pas avec ces explications qu'il pourrait se faire entendre. Mais au moins, on ne pourra pas lui reprocher de ne pas s'être expliqué sur le sujet.

- Oh que oui, je la défendrais ! lança t-il en haussant la voix, la fusillant du regard, ce n'est pas parce qu'on t'a pas défendu quand tu en avais besoin que tu dois partager à d'autres ce que tu as subit !

Oui, le jeune homme n'était pas passé à côté du fait que la jeune fille avait dû être élevé à la dure. Enfin, c'était du moins ce qu'il en avait conclu de ses paroles. C'était ironique d'ailleurs de lui donner ce genre de leçon, car c'était exactement celles qu'on lui avait donné lorsqu'il avait son âge. Même pas...Quand il avait été plus jeune qu'elle même. En y réfléchissant bien, les chevaux étaient la seule chose qu'il était capable de défendre dans cette vie. C'est la seule fois où il avait bien voulu défendre quelqu'un. Il doutait être capable d'en faire de même un jour avec les humains. Il avait été trop trahi pour ça qu'il ne leur accordait plus la moindre confiance. Même envers ceux qui l'avaient engagé ici. Etrangement, ces derniers avaient dû faire de gros efforts de confiance pour confié leurs chevaux à quelqu'un comme lui. Il paraît que la confiance se mérite. C'était la devise de ces lieux. Mais peut-être que pour Jérémie, elle se prêtait, s'échangeait...Songeaient-ils qu'en lui faisant aveuglément confiance, il viendrait à en faire de même en retour ?

- Et pourquoi voudrais-tu qu'elle te laisse l'approcher ? rétorqua le jeune homme, alors que personne ne s'est jamais occupé d'elle ? Ne lui a jamais accordé la moindre attention ? Tu viendrais, toi, si on te promettais le fouet en retour ?!

Code by Laxy

Tu peux toujours courir.

Mais c’est pas vrai ! Encore quelqu’un qui veut jouer au grand ? Il peut pas juste me laisser tranquille celui-là ?! Il veut se battre ou quoi ? Il me menace et ça, ce n’est pas quelque chose que j’apprécie vraiment ! M’en prendre une ? Et puis quoi encore ? Je m’avance d’un pas, lui faisant comprendre qu’il ne m’impressionnait guère (tout comme moi, je ne devais pas vraiment l’impressionner). Il ne va pas faire le malin très longtemps l’asperge !

Puis sérieusement, pourquoi est-ce qu’il intervient ? Encore un de ces p’tits bourges accros aux chevaux avec, en photo de profil sur leurs réseaux sociaux, leur chère et tendre monture entouré d’un cœur rose et avec marqué : « Jtm pqt, mon cheval, ma vie. » ?

- Ce n'est peut-être pas ma jument, mais elle fait partie de mes protégés, comme tous les autres chevaux ici, et je ne tolère pas qu'on lève la main sur eux.

Ah oui. Effectivement, je suis sûre que derrière ses airs trop « dark », il a des photos de chevaux avec plein de petit cœur, un décor qui pue la niaiserie ! Je ricane à cette pensée. Non vraiment, je l’imagine bien comme ça maintenant, à prendre des selfies couché dans l’herbe ou alors avec un coucher de soleil, tête contre tête avec une de ces bestioles… Oh pardon, « ses protégés ». Je lui ris au nez, je m’écarte d’ailleurs, en plus, il s’enfonce.

Je le regarde, un air moqueur sur le visage, avant de me calmer et haussant les épaules, penchant légèrement la tête, je ricane légèrement :

- Oh, que c’est à vomir ! Sérieusement, t’es vraiment pathétique… Tu sais que ces trucs t’apprécient juste parce que tu leur ramènes de la bouffe ? Oublie de les nourrir ou laisse quelqu’un s’en charger quelques jours et tu verras, ils t’oublieront aussi vite ! Ou alors, dès qu’ils verront quelqu’un de plus « adorable » ou gentil que toi, ils te laisseront, comme quelque chose dont ils n’ont plus d’utilité…

Je serre les dents. Est-ce que je fais allusion à ma propre histoire… ? Peut-être. Bref, je crois que j’en ai trop dit. Voilà, il m’énerve à nouveau. Et le pire, c’est qu’il en rajoute !

- Et pourquoi voudrais-tu qu'elle te laisse l'approcher ? Alors que personne ne s'est jamais occupé d'elle ? Ne lui a jamais accordé la moindre attention ? Tu viendrais, toi, si on te promettais le fouet en retour ?!

Je hausse les épaules. On ne parle pas de moi là, mais d’un animal sans pensée… Je regarde alors la jument qui est repartie à plusieurs mètres de nous. Elle semble manger de l’herbe, j’sais même pas comment on dit, elle broute ? Comme un mouton ? Je plisse les yeux. C’est ridicule tout ça, où est-ce qu’elle m’a envoyé cette psy ? Déjà, je n’arrive pas à me faire aux coutumes et aux paroles françaises, alors en plus, ils viennent me casser les pieds ?!

- C’est qu’un animal. J’vois même pas pourquoi tu te poses tant de questions… Elle a qu’à obéir. C’est tout, alors maintenant, tu me fous la paix ! criais-je légèrement avant d’avancer en direction de l’animal, je ne compte pas en rester là.

- Citron.

Tu peux toujours courir

We're bored to death in heaven and down alone in hell

Personne n'appréciait généralement être menacé de la sorte. Et sans doute moins encore par un étranger qui venait faire la loi. Oui, Jérémie pouvait aisément concevoir que cette gosse se fâche d'avantage mais sa mauvaise humeur était loin d'être apte à intimider le jeune homme. Elle revenait malgré tout à l'assaut. Elle n'avait pas peur mais Jérémie ne la lâchait pas d'une prunelle. Pas plus quand elle se mit à rire, narquoise. Certes, le discours de l'homme n'avait pas dû lui faire le meilleur des effets et comme il s'y était attendu, Jérémie n'était guère surpris de sa réaction. Il arqua un sourcils.

- Moi pathétique...? T'es tu seulement regardé en train de courir désespérément derrière un cheval ?

Parce que, honnêtement, ça n'avait rien eut de glorieux, même vu de loin, il pouvait le lui assurer ! S'il n'y avait pas eut le coup de la ceinture, ça aurait même valu le coup que ça se filme. Elle aurait comprit le sens du mot "pathétique" en un temps record. Mais non, madame avait une ceinture, une dure à cuir dis donc, attention ! En tout cas, ça se voyait qu'elle n'y connaissait rien en chevaux. Jusqu'à présent, ces derniers étaient les seuls dans lesquels le jeune homme avait confiance, ceux avec qui il s'était lié et qui ne lui tourneraient pas le dos malgré son caractère. Saisissant la gosse par le col alors qu'elle tentait de s'éloigner, le jeune homme répondit :

- Et toi, tu ne t'en pose visiblement pas assez ! Et tant que ce sera le cas, tu pourras toujours t'amuser à lui courir après. Ce n'est peut-être qu'un animal, mais ça ne marche pas comme ça.

Elle croyait vraiment qu'il allait s'en tenir là, à la regarder faire son petit manège et effrayer d'avantage la jument ? Preuve qu'elle n'avait clairement rien écouter de ce qu'il venait de dire. Qu'elle ne soit pas surprise alors s'il ne lui lâchait pas la grappe. Car Jérémie n'était pas prêt de partir tant qu'il ne saura pas l'équidé en sécurité avec cette sauvageonne. Bien qu'il devait reconnaître qu'il se revoyait assez en elle. A l'époque aussi, pour lui ce n'était que des animaux. Des bestiaux qui ne pensaient qu'à la bouffe. Qui n'avaient conscience de rien. Quand on y connaissait rien, c'était facile d'avoir des préjugés et même s'il avait l'impression que la gamine reprochait aux chevaux des choses qu'elle semblait reprocher à tout le monde, il n'abandonnerait pas son idée de défendre d'abord les équidés contre la folie humaine.

- Ils n'oublient pas aussi facilement contrairement à ce que tu pense, ajouta t-il, tout comme elle n'a pas oublié l'abandon des Hommes.

Code by Laxy

Tu peux toujours courir.

Bon, il faut dire qu’il n’avait pas tort là-dessus. On était sûrement aussi pitoyable l’un que l’autre, moi encore plus. Mais ça, je ne l’avouerais jamais. Au contraire, il m’avait encore plus énervé et ma patience commençait vraiment à arriver à saturation, je pense qu’à la prochaine remarque, je lui en colle une ! Vraiment. Je me contente de le regarder de travers, mon poing se fermant sur lui-même… Face à lui, j’aurais encore moins de patience que devant le Directeur. Déjà qu’il s’est permis de me piquer mes clopes et de me menacer… Ridicule. Mais avec lui, il doit avoir quoi 5 ans de plus que moi ? Et ce n’est pas ça qui justifie le fait qu’il puisse me prendre de haut. Personne d’ailleurs ! En plus, si c’est un résident, il n’a clairement rien à me dire en fait. C’est clair et net.

- Et toi, tu ne t'en pose visiblement pas assez ! Et tant que ce sera le cas, tu pourras toujours t'amuser à lui courir après. Ce n'est peut-être qu'un animal, mais ça ne marche pas comme ça.

Il me prend vraiment de haut celui-là. En plus, il ne comptait pas me lâcher… Il allait me suivre ou quoi ? Je m’arrête quelques secondes avant de regarder au loin, pour regarder la jument. En fait, je vais jamais y arriver. Et puis, pourquoi je me casse la tête avec ça ? Ça m’avancera à quoi ? Je m’arrête quelques secondes, perdues dans mes pensées, laissant l’autre garçon me faire sa leçon de morale… Il a l’air de s’y connaître. De toute façon, il pourrait me raconter ce qu’il veut, je m’y connais absolument pas. Alors, je me retourne et je me plante devant lui, vraiment agacée :

- Et donc ? demandais-je ne le fixant, je suis censée faire quoi ? Tu m’expliques comment je suis censée l’approcher moi ? demandais-je en haussant un sourcil, un peu avec une tête blasée.

Alors, Monsieur le Petit génie, tu as quoi à me dire maintenant ? Je jette un coup d’œil au canasson là-bas puis à nouveau sur le garçon… Je ne suis pas sûre qu’il m’apporte son aide, mais bon, s’il ouvre sa bouche, c’est qu’il sait comment gérer la situation, non ?

- Comment, je fais pour la brosser ou lui donner à manger ? Au pire, elle a l’air d’être bien comme ça…

C’est vrai, pourquoi s’embêter à vouloir l’approcher ou la changer. En fait, elle veut peut-être juste être tranquille dans sa p’tite vie et manger d’l’herbe tranquillement.

- Citron.

Tu peux toujours courir

We're bored to death in heaven and down alone in hell

Jeremy se serait décidément volontiers passé de cette journée. Même s'il s'était douté en venant travailler ici qu'il aurait affaire à de fortes têtes. Et il n'était pas certain d'être capable de leur faire comprendre quelque chose sous prétexte qu'il avait été le même à leur âge. Il sentait toutefois la pression qui montait en la jeune fille suite à sa remarque plus que réaliste. Il n'y avait que la vérité qui blesse à ce qui paraît. Mais l'homme restait de marbre face à cette haine. Elle pouvait bien le haïr autant qu'elle voudrait, il s'en moquait pas mal pour ce que ça lui apportait. Jeremy ne cherchait pas à être aimer. Il ne cherchait pas à se faire d'amis et ne s'était intégré ici qu'au minimum dans l'espoir d'avoir le poste auprès de ces malheureux chevaux. Il était là juste pour eux. Il se sentait redevable envers eux. Envers ceux qui l'avaient sorti de la délinquance, de la sauvagerie. Redevable envers ceux qui lui avaient fourni amour et attention, ainsi que la fidélité qu'il avait toujours désiré au fond de lui. Ces seuls amis étaient les chevaux, mais les humains n'étaient pas digne de confiance pour lui...

Est-ce qu'il prenait l'adolescente de haut ? Il ne cherchait pas à faire valoir une quelconque autorité, se moquant clairement de la hiérarchie. Qu'il ait le droit de lui dire quelque chose ou non, il l'aurait fait quand même. Même lui à l'époque n'avait jamais eu le culot de vouloir battre un animal. Il s'en était toujours pris qu'aux gens. Un silence s'imposa un moment entre les deux jeunes gens. Jérémie relâcha le col de la jeune fille quand il sentit qu'elle avait cessé de se débattre alors qu'elle avait porté son regard sur l'équidé qui se trouvait à l'autre bout de la prairie. Pendant un moment, l'adolescente semblait pensive. Etait-elle en train de réfléchir à la situation ? Jérémie respecta ce silence, observant la demoiselle un moment. Il n'avait pas été formé à s'occuper des jeunes en difficulté. Il ne savait pas comment s'y prendre avec eux. Il ne pouvait que compter sur son expérience personnelle pour tenter de les comprendre quand c'était nécessaire. Mais ce n'était pas évident pour autant. Ce n'était pas parce qu'il avait des similitudes avec eux que ça lui permettait de tout saisir.

Lorsque l'adolescente se retourna finalement vers lui, le jeune palefrenier fut assez étonnée de l'entendre baisser d'un ton. Enfin, elle était toujours irritée par la situation, mais il y avait un cran en moins tout de même. L'élément était infime à percevoir, mais il y parvint malgré tout. Elle demanda comment faire pour s'y prendre avec sa jument, visiblement résignée à devoir s'en occuper. Etait-elle cependant prête à faire ce qu'il fallait pour ça ? On lui avait donné un sacré morceau mine de rien. Les choses n'allaient pas être faciles pour elle. Jérémie n'était pas tenté de tenir la main à tous les résidents qui savaient pas s'y prendre avec leur cheval. Mais pour le bien de Vanilla, il sentait qu'il n'avait trop le choix. Il n'avait pas envie qu'on lui fasse mal, et de plus, cette jument avait assez souffert. Il était temps qu'elle trouve, comme lui, quelqu'un en qui avoir confiance.

- Tu trouve qu'elle a l'air bien ? fit-il en haussant les sourcils, à fuir tout le monde, à avoir peur de tout ?

Mais il comprenait le point de vue de la jeune fille. Cette jument était...libre, en quelque sorte. Elle n'était pas soumise à la société et s'il n'y avait pas ces barrières, elle prendrait peut-être goût à la vie sauvage qui sait. Seule, libre, heureuse...?

- ...A ne pas se laisser faire, se sentir libre de tout, poursuivit le jeune homme dans un soupire en croisant les bras et posant son regard sur l'animal, ouais peut-être qu'elle a l'air bien...

Il ne savait que trop bien de quoi il parlait. Mais comme ça l'avait été pour lui, ce n'était qu'une illusion. Lorsqu'il avait été délaissé, et qu'il s'était retrouvé seul, livré à lui-même, il pensait aussi avoir affaire à la liberté. Pouvoir faire ce qu'il voulait, n'en avoir rien à faire du reste du monde et devenir un véritable voyou des rues. Mais la vérité étant qu'il s'était retrouvé surtout atrocement seul avec un profond sentiment d'abandon qu'il avait tenté de couvrir en jouant les rebelles. Avait-il été heureux ? Disons qu'il avait été bien. Qu'il s'était sentit bien. Mais c'était là l'illusion et ça ne reflétait pas le fait d'être heureux. Le jeune homme reposa son regard sur l'adolescente.

- Elle a besoin qu'on s'occupe d'elle. Elle a besoin de faire confiance. Mais pour ça, il faudra être énormément patiente. J'ai pas l'impression que ce soit ton fort, mais c'est comme ça quand on est responsable d'un autre être vivant.

Il marqua une pause avant d'ajouter en désignant la ceinture de l'adolescente d'un signe de tête :

- Et ça commence bien sûr en évitant les menaces et la torture.

Code by Laxy

Tu peux toujours courir.

- Tu trouve qu'elle a l'air bien ? à fuir tout le monde, à avoir peur de tout ?

Ces mots résonnèrent dans ma tête : « à fuir tout le monde, à avoir peur de tout »… « Tu trouves ça normal »… Je les avais déjà entendus, des mots semblables, plein de fois. Que ça soit mon frère qui s’adressait à mes parents ou alors mes psychologues. « Tu ne dois pas tabasser les gens »… Et moi, est-ce que quelqu’un s’est soucié de ce que ma mère a pu me faire… ? Non. Ils me regardent tous, comme si j’étais la seule fautive. Comme avec cette jument… On dirait que c’est la seule à souffrir dans l’histoire.
« Ne sois donc pas aussi égoïste »… Et si je ne le suis pas, qui le sera pour moi ? Qui pensera à moi… ? Personne. Puis, ce n’est pas le propre de l’homme d’être égoïste.

Perdue dans mes pensées, j’écoute la moitié de ce qu’il me dit. Il m’a lâché et c’est tout ce qui m’importe. Je n’en ai rien à faire de ses discours, de toute façon, les gens ne savent faire que ça : parler, parler, parler, quand on demande des actes, comme par hasard, il n’y a plus personne. Il est drôle lui, de me donner des conseils, mais je lui ai demandé de me montrer, comment faire et il ne m’a toujours pas répondu ! Alors, il est où ton courage ? Elle est où ta bonne volonté de protéger cette jument.

- Elle a besoin qu'on s'occupe d'elle. Elle a besoin de faire confiance. Mais pour ça, il faudra être énormément patiente. J'ai pas l'impression que ce soit ton fort, mais c'est comme ça quand on est responsable d'un autre être vivant.

Ils sont vraiment chiants avec leurs grands discours. Ils essayaient de convaincre qui… ? Ou pourquoi est-ce qu’ils étaient persuadés d’avoir raison… ? Lui et le directeur. Parler de confiance, de patience, qu’elle a besoin, qu’on s’occupe d’elle… Oui, ça, c’est bon, on m’a déjà fait la morale là-dessus. En même temps, si l’homme ne s’était pas octroyé le droit de vie et de mort sur tout… Mais comme on dit, la loi du plus fort, si tu ne t’adaptes pas, tu n’es bon qu’à mourir, les chevaux aussi avaient qu’à évoluer.

- Et ça commence bien sûr en évitant les menaces et la torture.

Je me mords la lèvre. Il m’énerve. Vraiment. Il s’est arrêté que sur mes dernières phrases. Il ne compte pas m’aider ? Très bien, alors qu’est-ce qu’il fou encore là ?! S’il veut juste s’assurer que je ne la frappe pas, il a qu’à aller plus loin, me surveiller de loin si ça l’amuse, s’il n’a que ça à foutre de sa journée ! Je ne sais même pas pourquoi je perds mon temps avec cette bête et ce débile… Je soupire. Fortement. Je croise les bras et je regarde ailleurs, agacée. Les prairies s’étendent vraiment à perte de vue, tu m’étonne qu’elle n’a pas envie d’être enfermée dans un box, qu’elle ne veuille personne sur son dos… Elle a l’air « si libre ». Ah non, pardon, ce n’est pas de la liberté selon le directeur. Tss, encore un qui a été trop matricé par la société.

- Oh, tu vas me faire chialer. Tu préfères quoi toi, porter des humains sur ton dos en tournant en rond dans un manège, à sauter des obstacles débiles, à être enfermé dans un tout petit box toute la journée en attendant l’heure de l’équitation de Madame la p’tite bourge, et te prendre des coups de talons dans le flanc ou te faire tirer sur la bouche par des liens en cuir ou alors, pouvoir repousser toutes les personnes qui te font chier, être libre de galoper, te rouler dans l’herbe et pouvoir manger comme tu veux, faire ce que tu veux… ? criais-je légèrement, avant de le pousser au niveau des épaules et c’est bon, épargne-moi ton discours, le directeur s’en ait déjà chargé, la domestication et patati, l’Homme est responsable, il lui a pris son territoire et nanana… Ouais, mais du coup, tu comptes m’aider ?! C’est bien beau vos monologues, mais concrètement, quand il faut passer à l’acte, y a plus personne ! Donc ferme ta gueule un peu !

Mon visage était proche du sien, je le regardais, sourcils froncés. Je ferme mon poing, comme si j’essayais de me retenir :

- Sinon, tu n’as qu’à dégager ou me surveiller de loin comme un bon p’tit chien du directeur ! Je te connais pas et tu viens me faire la leçon ?!

De toute façon, il ne sert qu’à ça non ? Je n’sais même pas qui s’est…

- Citron.

Tu peux toujours courir

We're bored to death in heaven and down alone in hell

Jérémie ne savait pas s'il devait prendre positivement le silence de l'adolescente. Songeait-elle à ses paroles ou baillait-elle aux corneilles en sachant très bien faire semblant de réfléchir ? Elle avait arrêté de montrer les crocs. On va dire que c'était toujours ça de prit. Le palefrenier se souvenait très bien de l'étalon qu'on lui avait confié. Un jeune, turbulent comme pas permis, impossible à approcher. Un grizzli dans un corps de cheval ! Au tout début, il avait vraiment pensé qu'on se payait sa tête. Et il s'était même dit que tout le monde devait s'attendre à ce qu'il finisse par échouer lamentablement. En réalité, à l'époque, il n'avait eut aucune idée de la raison qui avait poussé feu William Hayes à lui confier cette créature, ni aux espoirs que l'homme avait eut à son égard, à sa réussite d'apprivoiser l'équidé sauvage. Faut dire qu'en ce temps là, il n'en avait pas eut grand chose à faire de ce que pensaient les autres.

Quand l'adolescente se lâcha à nouveau, il semblerait bien qu'il ait perdu son temps avec elle. Elle n'avait malheureusement rien compris. Qu'elle ne se plaigne pas qu'on lui répète les mêmes choses vu que, apparemment, ça ne passait pas. Le jeune homme ne broncha pas quand elle le repoussa, pour le peu qu'elle le fit bouger ! Mais il fronça les sourcils, tout aussi agacé de son comportement. Non vraiment...Il avait été comme ça lui aussi ? C'était en regardant les autres qu'il y avait de quoi avoir honte.

- Tu vas t'calmer c'est clair ?! répliqua t-il sans décroiser les bras, tu crois peut-être qu'une furie comme toi donne envie qu'on vienne l'aider ?? On essaie de te faire comprendre des choses mais tu n'en a rien à faire et tu espère en plus qu'on fasse mieux que ça ? Je sais pas si t'es au courant, mais c'est à toi de faire des efforts ici, pas aux autres. Alors à part gueuler, brandir les poings et jouer les je m'en foutiste, tu ferais mieux de la mettre en veilleuse ! A ce rythme là, c'est pas demain la veille que tu sortiras d'ici et je me passerais volontiers de te supporter plus que nécessaire.

Faire la leçon n'était clairement pas son truc. Et le fait que ça ne serve pas à grand chose en plus ne l'encourageait pas à s'y mettre de sitôt. Il n'avait pas envie d'aider les autres de base, alors clairement pas du tout quand on s'adressa à lui de cette manière. De toute façon, il pouvait bien lui expliquer tout ce qu'il voulait, ça rentrait par une oreille pour ressortir par l'autre. A quoi bon ? Si elle voulait qu'il la ferme, soit, il la fermerait et la surveillerait effectivement de loin en prenant un malin plaisir à la voir courir derrière un cheval. Ca lui fera les pieds tiens. Le jeune homme devait déjà se faire violence pour ne pas répliquer physiquement sur elle, c'était un effort assez conséquent pour lui. Fut un temps où il lui aurait sauté à la gorge avant même qu'elle ait pu ouvrir la bouche. Il ne pouvait tout de même pas frapper une gosse...Même si ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Il avait passé plus d'un an de thérapie à Almara pour justement se débarrasser de cette violence. Ce n'était clairement pas le moment de retomber dedans. "On se calme, on respire, on est adulte. T'es plus à la rue Jerem, alors reste cool."

- Si tu fais pas d'effort, on en fera pas non plus. Et Vanilla encore moins, reprit-il alors avant de se tapoter la tempe du doigt en ajoutant, médite-là dessus.

Sur ce, il s'éloigna d'elle.

- Quand t'auras pigé ça, peut-être que je daignerais te filer un coup de main en dépit de ton caractère de merde, poursuivit-il en se rendant à la barrière la plus proche pour s'y adosser en bon spectateur que l'adolescente espérait.

Code by Laxy

Tu peux toujours courir.

- Tu crois peut-être qu'une furie comme toi donne envie qu'on vienne l'aider ?? On essaie de te faire comprendre des choses mais tu n'en a rien à faire et tu espère en plus qu'on fasse mieux que ça ? Je sais pas si t'es au courant, mais c'est à toi de faire des efforts ici, pas aux autres. Alors à part gueuler, brandir les poings et jouer les je m'en foutiste, tu ferais mieux de la mettre en veilleuse ! A ce rythme là, c'est pas demain la veille que tu sortiras d'ici et je me passerais volontiers de te supporter plus que nécessaire.

M’expliquer quoi ?! Je ne comprends pas ce qu’il dit ! Et je ne sais même pas où il veut en venir ! Qu’est-ce que j’en ai à foutre de savoir l’historique des chevaux et qu’on me redise une nouvelle fois que Vanilla « a besoin de moi »… Qu’est-ce qu’ils en savent qu’elle a réellement besoin de moi ? Elle ne serait pas mieux avec quelqu’un qui aime vraiment les chevaux, quelqu’un comme le mec devant moi ? Non, je ne comprends toujours pas le choix du directeur. Si le choix de ma psychologue… M’amener ici, c’est quoi le but ? Au départ, je trouvais ça bien de quitter mon foyer, mais là, ils vont vraiment tous me faire chier.
Sortir d’ici ? Je ne sais pas si c’est pas plus mal. Ou pas. J’en sais rien, je sais même plus comment réfléchir où à quoi réfléchir ! Ils ont tous le même discours, ils veulent tous m’aider et… D’un côté, ça me fait peur. Pourquoi ? Ils veulent que je rentre dans leur moule ? Que je devienne un bon p’tit toutou… ? Je me gratte la tête. Agacée et dans l’incompréhension. Je ne sais vraiment pas pourquoi je m’épuise à l’écouter, à m’occuper de cette jument. Au pire, si je ne m’en occupe pas, ils vont bien me laisser tranquille ? Au pire, je n’aurais qu’à pleurnicher devant le directeur, que cette jument est trop bête pour en faire quoi que ce soit ! Ouais, à part finir en steak, elle ne sert à rien. Comme les autres d’ailleurs… On a des voitures pour le transport, pourquoi continuer à reproduire ces bestioles…

- Mais j’ai rien demandé moi… lançais-je en soupirant.

Je roulais les yeux et soupirais. Un enfant face à un dilemme trop grand.

- Si tu fais pas d'effort, on en fera pas non plus. Et Vanilla encore moins,

J’ai jamais demandé à avoir la charge de cette chose, c’est au directeur que revient la faute. Je n’ai pas envie de faire d’effort pour elle, je n’ai pas envie de faire d’effort tout court. Dites-moi clairement à quoi ça m’avancerait ? Des promesses, c’est bien, des théories comme quoi une autre vie est possible, une vie d’amour et d’eau fraiche, pff, n’importe quoi, les humains, les gens, le système est pourri jusqu’à l’os. Alors, je le fixe, de haut en bas, haussant les sourcils, il vient vraiment d’essayer de me faire la leçon… ? J’y crois pas. Il est sérieux ? J’ai envie de lui sauter au cou. De le… Et je m’en fou qu’il ne vienne pas m’aider.

Je le vois s’écarter. Il va voir, je vais y arriver toute seule, comme une grande ! Et puis quoi encore, c’est n’importe quoi. Ils veulent que je m’en occupe, alors pourquoi je ne peux pas utiliser mes méthodes ?! Ok, pas sûre que ça soit les bonnes.

Alors, à nouveau face à elle, il n’y avait plus qu’elle et moi. Je restais planté là, mains dans les poches, juste à la fixer. Mon air de bouledogue sur le visage, un vrai chien de garde. Ils veulent que je m’en occupe, c’est à moi de la gérer… Mais ils ne m’ont même pas dit comment… C’est comme si on demandait à un bébé de marcher tout seul, sans que personne ne lui montre qu’on peut se tenir debout… Et encore, je suis sûre qu’un bébé à plus d’instinct que moi, donc bon.

Je tape du pied dans une pierre, assez fort et au même moment, j’entends un hennissement. Merde, j’ai vraiment touché cette jument ? Elle commence à courir, à me charger… ?! Vraiment ? Je cours me réfugier à la barrière, esquivant cette fois-ci le fils électrique, j’évite les morsures de Vanilla, évidemment qu’un cheval ça court vite ! Oui. Ca court vachement vite... Et malgré ma course en zigzague, je sens une vive douleur au bras, elle vient vraiment de me pousser là ?! Manquant de peu de m'écraser au sol, je me sens alors expulser au sol, sentant seulement un coup de sabot s'abattre sur le bas de mon dos, je laisse un léger cris s'échapper de ma bouche avant d'entrer directement en contact avec le sol... Eh merde ! J'essaye de ramper, regardant derrière moi, Vanilla exécute plusieurs... Ruades ? C'est comme ça qu'on dit ? J'essaye de m'échapper avant de me remettre debout et de sauter de l'autre côté de la barrière, fusillant le garçon du regard :

- Et le fait que elle, elle soit violente, ça te fait rire ?! grognais-je en le fixant, me tenant le bras

J’étais sûre que oui. Là, il ne va pas aller engueuler la jument parce qu’elle a essayé de me mordre, et qu'elle m'a foutu un coup de sabot, hein ! Moi, on m’engueule, mais pas elle… Je me mords la lèvre inférieure, me rappelant un peu trop les scènes avec mes parents, même quand ma sœur faisait les conneries, c’était moi qui prenais… Est-ce que ça avait commencé comme ça… ? Je donne alors un coup de pied dans la barrière, me faisant légèrement, mal au pied au passage, avant de regarder le garçon dans les yeux :

- J’en ai marre de ces conneries…

Est-ce que je baisse les bras ? Sûrement. Sautant à nouveau dans l’enclos pour chercher ma ceinture, m’assurant que Vanilla reste loin, je commençais « à me rhabiller », et je ressortais de l’enclos.

- Je me casse, j’en ai marre de cette grosse conne…

Oui, si personne ne me montre comment faire, je crois que c’est peine perdue, alors, je fixe le garçon, il va aller voler au secours de sa petite jument, non ? Je hausse les épaules, prête à partir. Me tenant le bas du dos d'une main et le bras de l'autre, merde, je vais avoir de sacrés bleus...

Ok, il faut avouer, mes jambes et mes mains tremblaient un peu...

- Citron.

Tu peux toujours courir

We're bored to death in heaven and down alone in hell

Jérémie arqua un sourcils à la réponse de l'adolescente.

- T'as pas demandé à être ici peut-être ?

Elle pouvait le baratiner autant qu'elle voulait mais il y avait une chose de sûre en ces lieux : Almara ne forçait personne à venir vivre ici. Tous les résidents qui se trouvaient au domaine avaient eut le choix. Jérémie avait eut le choix. Bien qu'à l'époque, il s'était toujours dit qu'entre un centre pour mineur et ici, ça ne devrait pas s'appeler un choix mais bon ! Il avait fait le bon choix non ? Il était bien mieux à présent. Du moins, tant qu'on lui foutait la paix et tant qu'on foutait la paix aux chevaux. Bah, on ne pouvait pas toujours tout avoir dans la vie. Le centre pour mineur aurait-il fait mieux qu'Almara ? Il en doutait fortement. A part lui confirmer que le monde était pourri de vice, et sans doute empirer son cas, Jérémie était persuadé que c'était à Almara qu'il valait mieux se rendre. Cette gosse, comme tous les autres avaient choisi d'être là. Maintenant fallait assumer. Si elle n'avait pas envie de faire d'effort alors elle n'avait qu'à pas venir. Sans doute que l'autre option qu'on lui avait offert était mieux ? Jérémie ne savait pas de quoi il s'agissait mais il doutait que c'était le cas, sinon elle l'aurait prise.

Jérémie s'était donc reposer contre la barrière, observant la jeune fille qui, bien décidé à ne pas ravaler sa fierté, releva les épaules pour s'y remettre, le regard tourné vers la jument. Pendant un moment, rien ne se passa. Et environ une seconde plus tard, il continua de ne rien se passer. Il n'y avait que le vent caressant l'herbe de la prairie et le cheval au bout du pré pour tout mouvement. Jérémie avait légèrement plissé le regard à cause du soleil printanier qui s'en donnait à coeur joie aujourd'hui. Mais son regard azuré n'avait pas lâcher ni l'une, ni l'autre. C'est alors que la jeune fille envoya valser un caillou sur Vanilla qui n'apprécia pas du tout ça. Jérémie lâcha un soupire. Mais c'est pas vrai cette gosse ! Mais cette fois-ci, la jument ne comptait pas laisser impuni cet acte. Elle se mit à charger sans retenu la jeune fille qui prit la fuite. Bien fait. Clairement. Ce fut la première pensée de Jérémie en ce moment même. Ce n'était sans doute pas très gentil, surtout face à l'adolescente qui se prit un méchant coup de sabot au passage, mais elle l'avait bien cherché et rien ne pourra lui retirer ce fait de la tête.

- Du calme Vanilla, tranquille, lança le palefrenier d'une voix forte mais dénué de colère ou d'autorité alors qu'il s'était placé entre la brune et la jument furieuse pour éviter plus de casse, les mains en évidence pour tenter de la calmer.

Ca laissa le temps à la résidente de sortir du pré comme elle put tandis que la jument, irritée, se mit à ruer dans le vide avant de s'éloigner à nouveau dans un trot frustré. Le jeune homme ne se retourna que lorsque l'adolescente, pour ne pas changer, se plaignit à nouveau.

- Elle n'a fait que te rendre la monnaie de ta pièce, rétorqua t-il avant de passer la barrière à son tour, on récolte ce qu'on sème.

Furieuse, la résidente frappa la barrière. Ce qui était toujours mieux que de frapper un cheval. Jérémie la toisa un moment, notant notamment le fait qu'elle se tenait le bras et devait sans doute souffrir du coup de sabot dans le dos. Mine de rien, ça faisait mal et il savait de quoi il parlait.

- Tu devrais aller à l'infirmerie, suggéra le palefrenier en suivant la jeune fille du regard.

Pour lui, c'était évident que la brune était coupable dans l'histoire. Elle ne voulait pas comprendre, ne voulait pas faire d'effort, alors elle n'y arrivera jamais. Mais ça aussi, elle ne voulait même pas l'entendre. Comment espérait-elle avancé dans la vie avec un tel blocage ? Jérémie tourna son regard vers la jument un moment. Elle aussi avait son propre blocage et lui aussi avait eut le sien. Sauf qu'à la différence de la brune, il n'avait jamais demandé d'aide à personne pour s'en sortir. Trop de fierté pour ça à l'époque sans doute...Et il n'avait jamais réussi à rien. Il avait fallu qu'on l'aide presque de force pour qu'il finisse enfin par progresser. Mais la résidente, en dépit de son caractère et son manque de volonté apparent, avait au moins faire un effort quand même : celui de demander de l'aide. Jérémie lâcha un profond soupire. Son regard revint sur celle qui s'était éloignée tant bien que mal. Il garda un instant encore le silence, avant de finalement lui dire d'une voix assez forte pour qu'elle l'entende d'ici :

- Quand tu iras mieux et que tu te sentiras prête à t'y mettre vraiment, nous verrons ce que nous pourrons faire avec Vanilla.

Dieu qu'il avait besoin d'une cigarette, là, maintenant, tout de suite ! Après tout ça, il avait besoin de relâcher la tension. Mais pour ça, il était obligé de sortir du domaine. Règlement oblige. De toute façon, il avait dit ce qu'il avait à dire finalement à la résidente dont il ignorait toujours l'identité. A elle de voir ce qu'elle en ferait. Jérémie s'éloigna à son tour à grands pas, à l'opposé de la jeune fille dans le but de sortir des limites du domaine, et d'avoir enfin la solitude qu'il cherchait à la base en venant ici. Après tout ça, il en avait besoin plus que jamais.

Code by Laxy

Tu peux toujours courir.

- Elle n'a fait que te rendre la monnaie de ta pièce, on récolte ce qu'on sème.

Evidemment, je ne m’attendais pas à d’autres paroles de sa part ! Il pouvait me critiquer, mais il est pas mieux. Puis de toute façon, je n’ai pas besoin de son aide ou de sa pitié ! Il est intervenu seulement dans le but de faire son macho et se montrer le plus fort. Pff. On récolte ce que l’on sème… Eh bah ouais, s’il le dit. Si Vanilla sème de la colère et de la rage, qu’elle ne s’attende pas à ce que je change de méthode ou de caractère ! Merde alors.

- Tu devrais aller à l'infirmerie,

Et puis quoi encore ? Il ne va quand même pas me dire ce que je dois faire ! Non mais, de quoi il se mêle ? Je jette un rapide coup d’œil vers lui et cette satanée jument, énervée. Qu’ils aillent se faire foutre avec leur équitation et leur jument. Je ne prête plus attention à lui, tournant la tête, je suis bien décidée à partir, je vais aller me poser dans mon lit et ça sera très bien… Une petite clope, et tout ira mieux.

- Quand tu iras mieux et que tu te sentiras prête à t'y mettre vraiment, nous verrons ce que nous pourrons faire avec Vanilla.

En guise de réponse, car oui, j’ai bien entendu son cri, je lève le bras pour lui présenter mon majeur, grimaçant un peu avec la douleur, heureusement que je ne boite pas, même si mon dos me fait super mal. Il vient de me ridiculiser et il compte vraiment que je le laisse m’aider… J’y crois pas, après toute sa leçon. Enfin, je pense qu’il fait plus sa pour sa jument, il doit avoir peur que je la blesse ? Sûrement. Après son discours de chevalier servant, ça ne m’étonnerait pas. Haha, y a peut-être moyen de s’amuser avec lui au final… C’est donc avec un sourire en coin que je disparaissais de sa vue, en direction de ma chambre : pour le moment, je vais surtout me reposer.

- Citron.

Info & Co.

» Première rencontre ft. Jérémie Black
» Différences ft. Jérémie Black
» Une nuit d'orage | PV Jérémie
» Chevaux en fuite ! | PV Camille / FINI
» Que puis-je vous servir ? | PV Aurélien / FINI