Parles-nous de tes origines. Qui étaient tes parents ?Mes parents étaient tous les deux cavaliers. Ils se sont rencontrés en Italie, 5 ans avant ma naissance lors d'un concours local. Ils m'ont racontée que c'était le coup de foudre, d'un coup. Quand ils sont retournés en France, ils se sont directement mis en couple. Je crois que mes grands parents n'étaient pas pour au début, mais ils ne leur ont pas laissé le choix. Ils n'ont même pas réfléchis avant de se marier deux ans après. Ils étaient très beaux sur les photos.
Je suis née 3 ans plus tard, au détriment de ma mère qui est morte pendant l'acouchement. Je ne connais pas les détails, mon père n'a jamais voulu me parler de cet instant là. Je n'ai jamais rencontré la famille du côté de ma mère d'ailleurs. Je ne les connais pas, donc ils ne me manquent pas, mais j'aurais aimé avoir un peu plus de famille.
Comment s’est passée ton enfance ?J'ai vécu toute mon enfance avec mon père et ses parents. J'étais une enfant calme qui faisait peu de bruit et n'entendait d'ailleurs peu de bruit. Je crois que ça inquiétait un peu mes grands parents au début, mais mon père ne voulait pas s'en inquiéter. Il était encore en deuil et je ressemblais beaucoup à ma mère quand j'étais petite. Je lui ressemble encore d'ailleurs. Ils se sont rendus compte que j'étais sourde assez tard, je devais avoir un an et demi. Je n'ai pas entendu mon père se disputer avec mes grands parents alors que j'étais dans la même pièce. Ils n'ont d'ailleurs jamais voulu me le dire, mais je suis sûre qu'ils se disputaient par rapport à moi.
Après rendez vous chez plusieurs médecins, un radiologue et d'autres professionnels de santé, ils ont conclu à une mutation génétique rare. Que c'était un coup farceur de la génétique. Je crois que mon père en a pris un sacré coup puisqu'il s'est apparemment mis à me surprotéger à cet instant là. Enfin, selon les mots de mes grands parents.
Le reste de mon enfance était plutôt calme, j'ai fait de l'équitation de mes 6 ans à mes 8 ans. Je m'y plaisais bien, les cheveaux n'avaient pas besoin de parler pour être de bonne compagnie et c'était agréable. Les autres enfants préféraient rester entre personnes entendante. Pas que cela me gênait particulièrement. J'avais déjà compris je crois à ce moment là qu'être avec des gens allait être compliqué et fastidieux. C'est plus simple, la facilité, quand on est enfant.
J'ai du arrêté après une grosse chute, mon père ne voulait plus que j'en fasse, de peur que je disparaisse moi aussi.
Et ton adolescence ? Quels étaient tes projets, tes rêves ?Mon adolescence était... Pleine de surprise. Mes grands parents m'ont quitté à mes 13 ans et mon père, qui ne pouvait pas s'occuper de moi, faire mon éducation et travailler en même temps, a décidé de m'envoyer dans une école "avec une classe pour gens comme moi". Il n'avait pas tout à fait tort. Il y avait une classe pour enfant à problèmes et handicap. Nous étions 6 à tout casser, pour une écolé contenant plus de 300 élèves. Je ne me souviens pas très bien des gens constituant cette classe, mais je sais que j'y étais la seule sourde. Et c'est dur de s'intégrer quand on ne sait pas ce que veulent les autres.
J'étais très seule. Parfois tourmentée par les plus grands, mais rien de vraiment violents. Enfin, au début. Je me concentrais sur le positif et ce que je pouvais y apprendre. J'y ait appris le language des signes, à lire sur les lèvres, bien que cela soit plutôt un apprentissage autodidacte, et quelques autres règles de survie quand on ne peut pas entendre le monde qui nous entour. I fallait apprendre à observer le monde que je ne pouvais entendre. Avec ses règles, je pensais pouvoir vivre heureuse et bien m'intégrer dans la société. Je voulais devenir libraire ou bibliothécaire, les livres étant bien plus facile à comprendre que le reste du monde.
Les as-tu atteints ? Si non, pourquoi ?Je n'ai pas vraiment réussi à rejoindre mes objectifs. Premièrement parce qu'être heureux ça se fait sur le long terme, deuxièmement parce qu'on ne m'a pas vraiment autorisé à le devenir.
J'ai vécu quelques... Violences physiques peu agréable il y a 3 ans. Et vous voyez ce que je veux dire quand je dis physique. Le groupe de délinquants de l'école a décidé que ce serait drôle de s'attaquer à la seule personne qui ne peut pas crier. J'ai fini à l'hôpital pendant 3 semaines et je ne suis pas ressortie de chez moi depuis ce moment là. Ca a aussi beaucoup affecté mon père qui s'est suicidé 2 ans après. Je voyais déjà un psychiatre à ce moment là, un fois par mois à peu rès, pour sortir le moins possible, mais c'est à ce moment là que je me suis mise à le voir toutes les semaines je crois. Jusqu'à aujourd'hui, tout du moins.
Comment as-tu entendu parlé du domaine d’Almara ?Mon psy a entendu parlé de sa réouverture dans un journal peu quoté. Certains de ses premiers patients y étaient allés et s'en étaient bien sorties et il espérait que cela se passe tout aussi bien pour moi. Il souhaiterait que je me "réouvre" au monde, quoique cela veuille dire, et il estime que commencer avec ma première interaction extérieur de ma courte vie est un bon début.
Pourquoi as-tu fais le choix de le rejoindre ?A situation désespérée, méthodes désespérée ? Je crois que c'est le proverbe. De manière plus sérieuse, j'aimerai m'en sortir et aller mieux, pouvoir faire confiance au reste du monde sans que celui ci ne me piétine violemment.
Avais-tu déjà rencontré des chevaux avant ton arrivée ?Plus depuis mes 8 ans. Mon père a changé de métier à ma naissance et je n'ai plus pénétré un club depuis qu'il en avait décidé ainsi. Il n'est plus là, alors pourquoi pas. J'espère un peu pouvoir me rapprocher de lui en faisant ça aussi.
PHYSIQUE & PERSONNALITÉ De taille moyenne pour une jeune femme, je ressemble beaucoup à ma mère à son âge. Du moins, sur les photos que j'ai. J'ai de longs cheveux roux à la consistance fine et l'apprence assez lisse. Mes yeux verts sont entourés tâches de rousseur qui parsèment aussi le reste de mon visage et légèrement mes épaules. Je suis un peu trop mince, n'ayant pas un appétit des plus grands depuis quelques années.
Pour ce qui est de mon mental... Je n'aime pas me faire remarquer. Se faire remarquer apporte forcément des problèmes. Je me méfie et observe des gens. Ils ont tous des intentions quand ils se côtoient, visibles lorsqu'on les observe bien. J'observe aussi beaucoup le ciel, la nature et le reste du monde. Souvent, je me demande ce qu'entendent les gens quand ils vivent.
PARTICULARITÉ(S) Comme je l'ai dit, je suis sourde de naissance et je n'ai pas beaucoup de mal à vivre avec. Je parle la langue des signes et possède un carnet qui me permet de communiquer avec les non linguistes. J'ai aussi un traumatisme à cause de mes expériences adolescentes selon mon psychiatre. J'ai du mal à aller vers les gens ou à laisser les gens venir vers moi.