E-e-e-entschuldigung !! [Finan]

Le voilà prêt à vivre une nouvelle vie, dans un autre pays. Ozvan s'avança dans les silencieux couloirs d'un pas incertain, observant tout autour de lui, cherchant à ancrer dans son esprit tout ce qui pourrait lui permettre de se repérer à l'avenir. C'était immense. Comment allait-il se retrouver dans un lieu aussi imposant ? Il devait seulement trouver sa chambre et c'était déjà une épreuve pour un début, surtout après son accueil plus qu'angoissante par le personnel du domaine face auquel il n'avait cessé de courber l'échine.

Il n'y avait pas un chat, à croire que c'était déserté, ce qui n'était pas plus mal, songeait-il. Ainsi, il pouvait prendre son temps pour prendre ses repères, pour se remettre de tout ça, ces nouveautés qui s'enchaînaient à un rythme trop rapide à son goût. Il voulait trouver sa chambre, et potentiellement s'y morfondre un peu, histoire de récupérer de ses angoisses. Ozvan longeait un couloir, le nez dans un petit plan qu'on lui avait donné. Il n'en aura pas besoin longtemps, il avait une excellente mémoire. Mais bon, en attendant, tout ça lui était inconnu, alors il ne lâchait pas la feuille du regard. Mais tout à coup, à un tournant, il heurta brusquement quelqu'un qu'il n'avait pas pu voir étant donné qu'il fixait son plan. Ce même plan d'ailleurs, fut lâcher dans le feu de l'action et flotta jusqu'au sol en faisant des pirouettes durant sa chute.

- O-Oo-Oh m-mein Gott ! s'exclama le jeune homme en se reculant d'un pas et levant le regard vers la victime de sa maladresse, e-e-entschuldigung ! Je jj-jje...désolé, je ne v-vvv-voulais pas ... je ...

Ozvan baissa immédiatement la tête, frissonnant et regardant le sol pour présenter ses plus plates excuses même si le pauvre gars devant lui ne devait pas en comprendre beaucoup le sens. Ozvan finit par relever timidement son regard bleu-acier vers ce nouveau visage parfaitement inconnu qui s'imposa à lui. C'était un autre garçon, probablement de son âge à quelques années près, à la sombre tignasse.

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Ozvan, aussi costaud qu'une poupée de chiffon, s'était prit un écart en arrière sous l'effet de la collision. Sa victime, elle, était carrément tombé à la renverse, amplifiant le degré d'excuse dans lequel l'allemand se confondait instantanément. L'inconnu à terre profita de sa position pour rattraper le plan tombé afin de le tendre au rouquin qui baissa son timide regard d'azur sur lui. Il resta un moment figé, et silencieux aux mots de l'homme. Il s'étonnait de ne pas s'être déjà ramassé une tarte dans la figure pour avoir osé bousculer quelqu'un, tant et si bien qu'il hésita un moment lorsqu'on lui rendit son papier. Finalement, il attrapa maladroitement le plan tant ses mains tremblaient comme s'il était atteint de parkinson.

- Ddd-d-ddd-dan-danke... bégaya-t-il.

Il se ratatina sur lui même comme si la bombe atomique était en chute libre au dessus de sa tignasse de rouquin alors que l'autre résident se releva. Sur le moment, il se demanda si sa sentence n'allait pas venir dès à présent.

- Cc-c'était un-un accid-dd-d...Un a-accident, reprit-il alors, pp-ppa-pardon...Jj-j'esss-père q-que tt-t...tu n'as ppas eut m...mal...

Il gardait le plan dans ses mains moites tandis que son regard avait plongé en direction du sol pour ne pas faire face à l'autre résident.

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Ca commençait bien dis donc. Renverser les gens était loin d'être la meilleure option pour se faire bien voir dans un lieu totalement inconnu. Ozvan n'était déjà pas à l'aise de serpenter les couloirs dans ce nouvel environnement aussi grand que majestueux, mais si en plus il se cognait contre tous ceux qui croisaient sa route, ça n'allait pas le faire du tout. Mais c'était ainsi, quand le jeune homme se concentrait sur un truc, tout le reste devenait invisible à ses yeux. Il demeurait enfermé dans une bulle figé dans le temps et ne faisait plus attention au reste. Forcément, un tel accident se devait donc bien d'arriver un moment ou l'autre ! Aux mots de l'autre garçon, Ozvan lui adressa un regard inquiet.

- Pp-pas g...ggravve...? A-alors t-tt-t...tu as m-mmal vvv-vraimm-ment...?

Oh bon sang. Il aurait pourtant du s'en rendre compte en voyant la tête que faisait le brun. Ozvan n'était pas le plus fin des observateurs cela dit. Mais il eut un nouveau frisson à l'idée d'avoir fait mal à quelqu'un à présent. Même si c'était involontaire. Il n'avait pas très envie de devenir une catastrophe ambulante. Ceci dit, ça l'étonnait un peu aussi. Comment au juste son petit corps de brindille avait-il réussit à faire mal à quelqu'un ?

- Uuu...une ent-tt...ttorse...? Oh mm-mein Ggg...gotttt ! Es ttt-t...tut m-mmir sss...sehr leidd !

Trop tard pour annoncer que ce n'était pas grave ! Ozvan paniquait déjà à l'idée d'avoir causé une blessure à quelqu'un. Non vraiment mais qu'elle mauvaise manière de commencer cette vie ici ! Le jeune homme se maudissait intérieurement, se traitant de tous les noms dans sa langue natale au fond de son esprit tandis qu'à l'extérieur, il avait agrippé le peu de tignasse qu'il avait de ses mains, bouleversé.

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La panique et Ozvan, c'était une grande histoire et qui durait depuis longtemps. Il stresserait rien qu'en écrasant une mouche par accident. Alors faire du mal à un autre humain, pour lui c'était clairement une catastrophe. Le gars en face était déjà bien gentil de ne pas lui faire payer la bousculade, il ne méritait pas de se choper une entorse parce que l'allemand n'avait pas été fichu de regarder devant lui. Ozvan se mit à se tripoter les doigts entre eux, angoissé, ne sachant que faire et se disant que, finalement, une bonne baffe lui serait sans doute mérité en fin de compte. Mais ça n'avait pas l'air d'être dans les intentions du brun. A la place, ce dernier lui assura à nouveau que ce n'était pas grave et lui demanda même un service : celui de l'emmener à l'infirmerie. Ozvan se sentit...Il ne savait pas trop comment décrire ça. Redevable ? Il devait réparer sa faute. Il devait amener ce garçon à bon port !

- J-jj-ja ! Tttout de ss-suittte ! lança le jeune homme.

Bien que toujours affreusement désolé, inquiet, confus et stressé, le rouquin se voyait revigorer par cette étrange...mission ? Comme si cela était une dette qu'il se devait de rendre. C'était clairement la moindre des choses qu'il pouvait faire face à cet autre résident qu'il avait jeté par terre sans faire exprès. Cependant, lorsque l'inconnu lui prit la main dans l'espoir de le rassurer une nouvelle fois, Ozvan se figea, tétanisé sur le moment. Son regard se leva vers l'autre individu, comme s'il attendait que quelque chose de peu agréable ne se produise. Mais rien ne vint. Alors l'allemand déglutit et ajouta d'une petite voix :

- Oo-oh m-mmais...En-en ff-fait...Jj-je vv-viens ddd-d'arrivv-v...ver iccci et jj-je n-ne ssss...ssais ppp-pas où est l'inff-firmm-merrrrie...

Et ça, c'était bien bête. Certes, il était en train d'étudier son plan au moment de cette collision mais seulement dans le but de trouver sa chambre. Il n'avait même pas fait attention au reste du manoir d'ailleurs.

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A croire qu'avec lui, rien n'était grave dis donc. Au moins, ça ne sera pas de trop que de savoir où se trouvait l'infirmerie. Avec cette histoire de chevaux à s'occuper, Ozvan était persuadé qu'il allait devoir prendre un abonnement au centre de soins. Avec son plan, le jeune homme aurait sans doute finit par la trouver un moment ou l'autre. Mais le temps qu'il se repère, cherchant déjà où il se trouvait en ce moment même, puis ensuite chercher où était l'infirmerie et désigner un itinéraire pour s'y rendre...Bref, le tout avec ses tremblements et son esprit quelque peu embrouillé par l'inquiétude, autant dire que l'autre résident aurait eut le temps de mourir de vieillesse avant de parvenir à destination.

Alors heureusement qu'il connaissait les lieux bien mieux que le rouquin en plein débarquement. Dire que la première chose qu'il allait savoir de cet endroit était l'emplacement de l'infirmerie... Un coup du karma encore tout ça. Ozvan entreprit alors de suivre son jeune guide, qui avait l'air assez enthousiasme dans son idée de lui montrer les lieux. Sur le trajet, l'allemand s'efforça de se trouver des points de repère dans la décoration ou le mobilier, histoire de s'aider à s'y retrouver, tout en jetant des regards à son plan pour également apprendre à s'y localiser.

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Il était vrai que le silence qui s'ensuivit n'était pas des plus agréables mais d'un autre côté, ça avantageait aussi Ozvan qui craignait une quelconque conversation avec l'individu qu'il avait bousculé dans le couloir. Pourquoi s'était si dur de s'adresser à quelqu'un ? D'essayer de bien s'entendre avec autrui ? L'allemand n'avait pas l'habitude que les choses se déroulent aussi bien. Tant et si bien qu'il se demandait sans cesse s'il n'y avait pas anguille sous roche. Et puis, avec son bégaiement, il n'était pas très enclin à l'ouvrir non plus. Aussi préférait-il suivre simplement et en silence cet autre résident dont il ignorait tout. Un fait qui perturbait assez le brun pour que ce dernier lance une nouvelle conversation pour en savoir plus à qui il avait affaire.

- O-oh euh...Je m'ap-pppelle O-o-o...Oz-Ozvan W-wwagn...Wagner...J-jje v-vvv-viens d'Al...d'Al-lemm-magne.

Il se demandait alors s'il y avait beaucoup d'autres résidents venant d'autres pays à Almara. Ca ne devait sans doute pas être courant. L'endroit semblait tout de même assez réservé. Et lui-même n'y était que parce qu'il avait récemment emménagé en France.

- Enchhhant-tt...té Fffinnn-nnan...ajouta t-il timidement, se maudissant intérieurement d'écorcher le prénom de son jeune interlocuteur.

L'autre garçon lui parla alors des chevaux, et du sien surtout. C'est vrai que Ozvan n'avait pas encore prit le temps d'aller voir l'animal qu'on lui avait attribué. Il ne savait pas du tout à quoi ressemblait son cheval, pas plus qu'il ne connaissait celui évoqué par le dénommé Finnan.

- Hm...N-nein, admit l'adolescent, je-jje...je n'ai ja-jamm-mais vv-vu d-de chhhev...chevaux en vvv-vrai.

Il ne connaissait que les bases concernant ces derniers mais sans plus. Il n'avait jamais pris le soin de s'intéresser à eux par le passé. Un fait qu'il regrettait maintenant qu'il était ici.

- Ccc-celui qu-qu'on m-m'a dd-donné s'app-pp...pelle Ang...Angus. Cça...ça ff-fait longt-ttt-t...temps qu-que ttt-tu es i-ci...?

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Autant dire que la question de Finan avait prit Ozvan au dépourvu. Pourquoi il était à Almara ? Ca avait l'air tellement évident pour lui qu'il ne savait pas vraiment comment formuler une réponse adéquate. Il était là parce que...Et bien pour ce qu'il était. Parce que tout ce qu'il était reposait sur la peur du monde et que sa tante avait décidé que ce n'était pas une vie à mener. Mais ce n'était pas aussi simple pour lui à décrire. Il s'en rendait compte seulement maintenant, alors qu'il devait répondre à ce résident.

- Euh...

En plus, fallait bien l'avouer, c'était humiliant de dire qu'on avait besoin de se faire soigner parce qu'on avait la frousse de tout ! Heureusement, avant qu'il ne trouve de quoi lui répondre, l'autre pensionnaire avait fait machine arrière en lui disant qu'il n'était pas obligé de lui donner une réponse.

- C-c'est mm-ma tt...t-tantt-te qu-qu-qui-qui a voul-lu qu-que je vv...vi-vienne icc-c...i, se contenta de dire alors le rouquin qui se sentait tout de même obligé de lui répondre quelque chose, elle pp-pe...pense qu-que c'est pp-p...pour mon bb-b...bien.

En revanche, l'information que lui donna le garçon surprit d'avantage l'Allemand qui se mit à le fixer avec des yeux ronds.

- W-wow ! M-mais c'est tt-t-t...tr...tr-très loin !

C'était peu de le dire. Ozvan ne s'y attendait pas du tout. Est-ce que la raison pour laquelle ce garçon était à Almara était si grave qu'il avait fallu qu'il parte si loin de chez lui pour ça ? S'en était presque effrayant aux yeux du rouquin. Finan lui proposa de l'emmener aux écuries pour lui montrer les chevaux, mais Ozvan était loin d'être emballé par cette idée, même s'il savait très bien qu'il ne pourra pas y couper dans la logique des choses.

- Hm...J-ja...M-mais p-p...pour l'inssst-stant j-je cherchh-che encc-c...core à mm-me repp-p...pérer ic-ci. Je-j'étt-tais en tr-trrrain de chercher ma chhh-chamb-bre qu-quand je...j'ai...Euh...Qu-quand on ss's'est cc-croisé...

Mais à nouveau, les mots du brun l'étonnèrent.

- Oh...Un an, c'est-c'est...b-bb...beaucc-c...coup...T-t...tu pp-p...pense ss-s...sort-tir b-bb...bientt-tôt ?

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