premières rencontres ☾ AYANE

premières rencontres

Ayane et Naomi

En sport, tout demande de la détermination. Les trois D : Détermination, Disponibilité, Discipline ; et la réussite est à portée de main.

La journée était particulièrement ensoleillée pour février. Malgré un vent frais qui faisait trembler les quenottes, Naomi avait ressorti sa paire de lunettes favorites et profitait du soleil qui venait réchauffer sa peau. Son café entre ses mains, la sous-directrice contemplait le haras dont les hennissements venaient de part et d’autres. Elle trouvait cette mélodie apaisante.
Naomi avait beau craindre que sa relation en compliquée avec Valerian ne vienne entacher le bon fonctionnement du domaine, jamais elle ne regrettera sa décision. Sa prise de poste n’avait pas été facile et, malgré quelques discordances avec le directeur, elle n’en restait pas moins motivée et optimiste quant à l’avenir.
Almara allait retrouver son éclat d’antan. Certes, le fantôme de William continuait d’errer entre les murs, donnant l’impression que le vieil homme était encore de ce monde, mais elle ne doutait pas de la capacité de Valerian à y laisser sa trace. Après tout, il était le fils de Hayes. Il avait beau chercher leurs différences pour s’en séparer, il marchait dans les pas de son père.

Pour Naomi, marcher dans les pas de quelqu’un n’était pas forcément synonyme d’être dans l’ombre de quelqu’un. Valerian avait son propre éclat, il était l’astre solaire à lui tout seul… Là où elle préférait se cacher derrière lui, gardant ses arrières des mal avisés. C’est parfois dans les silences que l’on fait le plus de bruit…

La jeune femme posa son regard sur sa chienne, paisiblement couchée prés d’elle. Soudainement, elle eut une prise de conscience, elle alluma son téléphone afin de prendre connaissance de l’heure : 10 heures 34. La pause matinale était officiellement terminée. Naomi avait rendez-vous aux écuries avec une résidente.

Ayane Agana-Béléa avait fraichement débarqué au sein du domaine. À l’aube de la vingtaine, la jeune femme est en constante bataille avec elle-même. Ses pensées sont habitées par d’obscurs démons qui, à terme, pourraient l’amener à abandonner toute volonté de vivre. Si elle n’a jamais tenté de suicider, elle y a fortement envisagé… Ce qui justifiait son inscription au sein d’Almara.
L’objectif d’aujourd’hui était de lui présenter le cheval qui lui avait été attribué.
Pour le moment, ce qui avait attiré Naomi chez cette jeune femme était qu’elle avait déjà de l’expérience avec les chevaux. Détentrice d’un galop 5, elle est cavalière depuis sa plus tendre enfance.

Rio était le cheval attribué à la petite nouvelle. L’occasion rêvée pour Naomi de faire, à son tour, connaissance avec le Marwari. Encore inconnu au sein du domaine, Naomi souhaitait se faire sa propre idée de ce beau gris aux oreilles particulières.

Elle finit donc son café, rentra la tasse jusque dans la cuisine et appela Dahlia aux pieds. Avec peu de volonté (et beaucoup de nonchalance), la chienne finit par rejoindre sa maîtresse après une réprimande.
Naomi, vêtue d’un tailleur gris bien ajusté et s’amena jusqu’aux écuries. Une fois à destination, elle regarda sa montre. Bien avant de tenter une quelconque approche avec le gris, Naomi mettait un point d’honneur à rencontrer la jeune fille. Les premiers instants seraient déterminants : elle arriverait à poser un jugement, objectif, quant à Ayane. Et les premiers éléments pouvant la fixer étaient sans contexte son assiduité.

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Mon cœur bat plus fort à mesure que nous nous approchons du portail du domaine. D’angoisse ou d’excitation, je ne saurais le dire. Cela fait déjà presque un mois que Mr Helman, mon psychologue scolaire, m’a parlé de l’institut, et une semaine depuis que je sais que mon dossier a été accepté.

J’ai à la fois hâte d’arriver et de démarrer cette nouvelle vie, loin de mon père et de mes anciens amis, qui devenaient plus nocifs qu’autre chose. Et, à la fois, je suis morte de peur. D’après ce que Mr Helman m’a expliqué, la vie au domaine fonctionne en fonction de notre degré de guérison, calculé selon des paliers. Et, le premier d’entre eux m’oblige notamment à vivre dans la même chambre que trois autres étudiantes. C’est ironique de se dire qu’il y a quelques mois, j’aurai certainement été ravie ! J’aurai tout fait pour me faire des amis et guider tout ce petit monde. Aujourd’hui, l’idée même de me lier d’amitié avec quelqu’un me terrifie. L’amitié est belle mais sa perte n’en est que plus douloureuse.

Lorsque le portail automatique s’ouvre devant nous, je crois bien défaillir. Cet endroit a tout bonnement l’air immense ! Comment donc un tel lieu pouvait-il m’être inconnu ? Le chemin que suit la voiture sépare des pelouses parfaitement entretenues sillonnées par quelques chemins sur lesquels se baladent jeunes et adultes. Au-delà de ces jardins, des barrières me font penser à des près, habitants certainement des chevaux. Tout comme les bâtiments un peu plus loin, qui doivent certainement être des écuries.

Mais, la structure qui impressionne le plus quand on entre la première fois dans le domaine d’Almara, c’est certainement le manoir. J’ai vu quelques photos avant de venir mais je n’avais pas imaginé la taille du bâtiment. En même temps, c’est à la fois une école et un lieu de vie, c’est compréhensible. Si seulement je n’avais pas à « guérir », je crois que je pourrais me plaire ici, vraiment.

Mr Helman se gare devant le manoir et se tourne vers moi.

– Alors ? Impressionnée ? Excitée ? Effrayée ?
– Tout ça à la fois.

Mon psychologue se met à rire et sort de la voiture. Je le suis, mourant d’envie de découvrir les lieux.

– Je vais rester avec toi jusqu’à ce que tu te sois installée dans ta chambre. Il faudra que je parle un peu à la personne qui sera en charge de nous accueillir. Dit-il tout en déchargeant ma valise du coffre.

Je m’approche de lui, et l’aide à prendre les sacs qui restent. Il y a pire qu’une première visite en compagnie de Mr Helman. Cet homme est bien le seul à qui je n’ai pas peur de parler. Après tout, c’est un médecin et il m’a inscrite ici. Il ne peut être qu’une personne fiable.

Alors que nous nous dirigeons vers la porte du manoir, un employé vient vers nous et nous dis que mes bagages vont être amenés jusqu’à ma chambre et qu’une certaine Naomi Lemann nous attends devant l’écurie. Je laisse alors tomber le sac que j’avais sur le dos et suit Mr Helman qui a l’air de connaître le chemin.

– Madame Lemann m’a prévenu qu’elle nous attendrait pour 11h. Ne la faisons pas attendre, dit-il en regardant sa montre.

La mienne m’indique qu’il est 10h55 soit presque l’heure du rendez-vous. Nous sommes néanmoins, presque arrivés devant l’écurie.

Je me demande qui est cette Naomi Lemann. Une adulte certainement. Je me suis rendu compte ces derniers temps que j’arrivais plus facilement à parler aux adultes qu’aux jeunes. Peut-être parce que je considère qu’ils sont plus stables psychologiquement ? Moins propices à l’abandon ? Surtout ceux qui travaillent dans ce genre d’endroit. Exception faîte des alcooliques, évidemment. L’odeur de l’alcool suffit à me donner envie de vomir.

L’image de mon père apparait dans mon esprit alors que nous arrivons devant ce qui semble être l’écurie principale. L’odeur des chevaux suffit à me donner le sourire. Devant le bâtiment se tient une femme, très belle et élégante, qui doit être cette fameuse Naomi.

Mr Helman s’approche d’elle et lui tend la main, tout sourire.

– Madame Lemann ! C’est un plaisir de vous voir enfin en vrai. Je suis Henry Helman, le psychologue et surtout le tuteur d’Ayane.

Monsieur Helman n’a pas ma charge, c’est toujours mon père qui la possède officiellement. Être mon tuteur signifie néanmoins qu’il est celui qui m’a inscrit à Almara et qui suit ma santé.

– Et voici Ayane Agana-Béléa, votre nouvelle résidente.

Comprenant que c’est à mon tour d’entrer en scène, et bien que parler à des inconnus me stress toujours, je m’approche de madame Lemann et m’incline légèrement.

– Enchantée Madame Lemann, je suis Ayane.

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Ayane et Naomi

En sport, tout demande de la détermination. Les trois D : Détermination, Disponibilité, Discipline ; et la réussite est à portée de main.

Naomi aperçoit deux silhouettes s’approchant d’elle. Elle identifie, sans mal, l’accompagnateur ainsi que Ayane, la nouvelle résidente. L’homme, d’un grand sourire et avenant, vint à sa rencontre et pendant qu’il lui tendait sa main pour marquer les salutations, il se présenta.

« - Enchantée également Docteur Helman. »

Elle empoigna alors la main étonnamment douce du psychologue. Elle avait tendance à remarquer ce genre de détails. William lui avait toujours dit que le détail faisait le tout… Alors, elle prenait le temps d’observer la moindre chose afin que rien ne lui échappe. Un comportement, un tic, un regard fuyant… Longtemps Naomi avait pratiqué l’observation, que cela soit sur ses élèves ou ses connaissances, de peur sûrement, d’être trahie. Quant à ses élèves, c’était plus par volonté de les connaitre un peu mieux afin de les aider un peu mieux… Elle avait donc gardé cette particularité avec elle. Elle pensait très sincèrement que les personnes aux mains douces étaient des personnes minutieuses et soignées. Ajouté ce détail aux vêtements impeccables et à la tenue irréprochable du soignant, et vous pouviez conclure qu’il était, effectivement, une personne carrée. Du-moins professionnellement.
Elle s’était d’ailleurs plue à échanger quelques mails avec ce professionnel, que cela soit en rapport avec Ayane ou même au domaine. Naomi avait fait son travail de sous-directrice : elle avait rassuré les tuteurs des futurs résidents, leur promettant de réaliser des choses incroyables… Dans la mesure du possible bien qu’elle pense sincèrement qu’ils puissent réaliser l’irréalisable.

Enfin, le psychologue se permit de faire connaitre la nouvelle venue. Ayane Agana-Béléa, qui, à priori, était plus anxieuse que sereine, se présenta. Naomi la toisa du regard, remarquant les innombrables signes de nervosité à l’égard de sa venue. La jeune femme ne semblait pas à l’aise, frôlant la timidité et la réserve. Néanmoins, Ayane marquait des points : elle restait polie. Elle n’était pas là pour des raisons judiciaires, d’un manque d’éducation ou d’une maladie mentale assez lourde… Mais bien parce qu’elle ne devait pas réellement trouver sa place dans le monde. Naomi finit par lui offrir un sourire, ce qui adoucit immédiatement les traits de son visage naturellement dure. A contrario, elle était bien plus chaleureuse que Valerian. Naomi n’était pas fermée aux autres, mais elle s’obligeait à garder une certaine posture vis-à-vis des Résidents, dont certains se feraient une joie de l’avoir au dîner du soir si elle baissait sa garde, ne serait-ce que quelques secondes.

« - Heureuse de te rencontrer Ayane et bienvenue à Almara. As-tu fait bonne route ? »

Si les élèves n’avaient pas l’autorisation de la tutoyer, Naomi se permettait ce rapprochement. De toute manière, certains avaient vite compris qu’il valait mieux qu’elle tutoie plutôt qu’elle ne vouvoie, ayant un ton bien plus autoritaire à ce propos. Elle avait posé la question à Ayane parce que seul son ressenti l’intéressait. Elle n’avait aucunement besoin d’un interlocuteur, tel qu’un psychologue, pour créer un lien avec un Résident. Elle se donnait l’ordre de toujours les considérer. Si elle avait posé la question au psychologue, comment Ayane aurait pu croire en une espèce de proximité ou une volonté de travailler ensemble pour la suite ? Les Résidents étaient des être humains, doués d’intelligence, et non pas des petites godiches ou de simples objectifs thérapeutiques.
Dahlia vint à la rencontre de la jeune femme et du thérapeute, les reniflant allègrement afin de faire (à son tour) leur connaissance.

« - Désolée si vous craignez les chiens. Elle n'est pas méchante. Au pieds Dahlia. »

La chienne s'exécuta et vint tout prés de sa maitresse qui continua à lui intimer l'ordre de rester couchée. Une fois que Dahlia fut au sol, Naomi remit en place sa veste de tailleur et continua :

« - J’ai entendu dire que tu avais déjà côtoyé des chevaux… Et que tu avais même un bon niveau. J’ai pensé que faire la connaissance de ton cheval te ferait plaisir. Tu souhaites rencontrer Rio ? »

Et pour les considérer, il fallait aussi écouter leurs envies. En venant à Almara, ils ne plongeait pas dans une forme de dictature thérapeutique… Ils avaient déjà tant de restrictions à vivre, les infantiliser n’arrangeait guère les choses. De plus, si elle avait la fibre cavalière, Naomi était persuadée que la jeune femme serait ravie de faire la connaissance du Marwari. À-moins, qu’elle ne soit épuisée et qu’elle demande à aller dans sa chambre, ce que Naomi comprendrait et accepterait.

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