Laissez moi dormir. | OS / Flashback

Janvier 2019.
Suite du RP : Tu peux toujours courir ft. Jérémie

Putain de jument. Elle m’avait fait sacrément mal… Serrant la mâchoire et essayant de ne rien montrer, je regagnais ma chambre avec beaucoup de mal à monter les escaliers, pourquoi est-ce qu’il a pas fait installer l’ascenseur dans son manoir ? Et si y a des gens en fauteuils roulant, hein ? Pff. Peut-être qu’il y en a un… J’ai pas fais attention. J’espère juste qu’il n’y a pas l’autre garçon qui partage ma chambre, il est trop bizarre, mais il est drôle. Et non, personne : ouf. Je peux m’écrouler sur mon lit, sans me soucier de rien… Et m’endormir.

- Mademoiselle Taylor… Mademoiselle Taylor… Tessa Taylor…

Je grimace et m’apprête à frapper la personne qui ose me réveiller. Je ronchonne avant d’ouvrir les yeux… Je me suis endormie ? Ouais. Et puis bien apparemment, ça faisait longtemps que je n’avais pas dormi aussi profondément ! La loi de la survie au foyer et de la rue, si tu ne restes pas sur tes gardes, qui sait ce qu’il peut t’arriver. Alors, ouvrant les yeux, j’aperçois une femme devant moi, elle a de long cheveux noirs et… Qui est-ce ? Je me redresse,

- Merde, j’étais en train de dormir là ! Fais chier. T’es qui encore ?! grognais-je en me frottant les yeux avant de sentir une vive douleur dans le dos.
- Je suis désolée de vous réveiller, mais nous avions rendez-vous il y a vingt minutes, je suis la psychologue qui vous suivre pendant votre séjour à Almara.

Eh double merde. Un rendez-vous ? Un psychologue ? Fais chier. Et je suppose que j’ai râté l’heure du repas du coup… ? Je m’assieds sur le lit et je vois la psychologue s’écarter légèrement, toujours en me souriant. Qu’est-ce qu’elle a elle, c’est quoi son problème ? Je fronce les sourcils, elle me veut quoi avec son air débile ?

- Et donc ? Vous êtes venue me chercher, je dois vous suivre, c’est ça ?!

Je râlais, essayant d’émerger correctement.

- Je vais vous laisser quelques minutes pour vous réveiller correctement, je vous attends au niveau des escaliers.

Elle a une voix douce. Beaucoup trop douce… Elle m’énerve déjà, avec sa petite voix fluette et ses manières. Je soupire et la regarde quitter la chambre. Merde, j’ai pas envie d’aller la voir, j’ai pas envie de lui parler, en plus, j’ai encore mal au dos. Je me gratte la tête, et je m’étire, tout ça, c’est chiant. Je regarde le plafond et la tête énerver du directeur m’apparaît, je pouffe légèrement de rire, rien qu’à l’imaginer me réprimander, ça m’amuse.

- Je vous donnerai du temps, Tessa, mais pas l’éternité ! répétais-je en imitant très mal Monsieur Valerian.

Je rigole avant d’aller me mettre un petit coup d’eau sur le visage histoire de me réveiller, évidemment, je prends tout mon temps ! Ça serait bête de ne pas faire attendre cette chère psychologue… D’ailleurs, j’en profite pour changer de t-shirt, la marque de Vanilla est encore visible, cette connasse me le paiera ! On verra des deux qui sera la plus téméraire.

Quelques longues minutes après, je finis par sortir de la chambre et rejoindre la jeune femme « qui s’occupera de moi », au moins, elle est mignonne, c’est un avantage ! Je baille, encore légèrement fatiguée, puis je la suis, essayant de descendre les escaliers correctement,
- Alors, comment se passe votre début de séjour à Almara ? demanda-t-elle en descendant les escaliers

Je soupire. Qu’est-ce qu’elle veut que je lui réponde… ? Que le Directeur m’emmerde, que j’ai rencontré une gogole et que je me suis blessée au poing ? Que j’ai déjà failli me battre avec un résident ou un je ne sais pas quoi ? Je détourne le regard, et d’un ton froid je lui réponds :

- Bien.

Court et efficace. Elle ne me pose pas d’autres questions, se contentant de me guider jusqu’à son bureau, je suppose, j’en profite pour mater ses fesses, c’est vrai qu’elle est mignonne et bien foutue. Puis, je m’installe devant le bureau de la psy, soupirant encore une fois. Je n’aime vraiment pas ce genre d’endroit et même si la pièce n’est pas aussi froide que celles que j’ai connu par le passé, c’est toujours aussi chiant. Alors, je parcours la décoration, essayant de ne pas me concentrer sur la psychologue.

- Vous pouvez vous installer ou rester debout, c’est comme vous voulez... dit-elle avant de s’installer elle-même et de prendre de quoi écrire et un dossier.

Je la regarde du coin de l’œil, elle sort mon dossier, c’est ça ? Elle va encore me poser ses questions stupides sur « est-ce que ça va ? Avez-vous quelques choses à me dire ? Je vous écoute » ou encore « racontez moi votre enfance »… Ca me fait déjà chier…

- J’ai remarqué que vous êtiez légèrement blessé à la main... Et avez-vous un problème au dos ?

Ah bah non, comme quoi, j’arrive encore à être surprise par la vie. Je regarde ma main, c’est sûrement quand j’ai éclaté le vase… Je hausse les épaules, puis, je tripote des petits objets de décoration.

- Si je dis que le Directeur me maltraite en me donnant un cheval qui a failli me tuer, est-ce que ça changera quelque chose ? demandais-je sans regarder la psychologue.

Elle note un truc. Merde, elle va tout aller dire au Directeur je suppose ? Comme un bon petit toutou. Encore moins envie de lui parler.

- Et bien je suis là pour m’assurer de votre bien être psychologique, donc beaucoup de choses peuvent faire la différence, il faut juste me les transmettre. Je vous suivrais pendant votre séjour, donc nous prendrons notre temps, en coopérant toutes les deux, nous allons pouvoir avancer à votre rythme.

Je finis par m’installer sur le fauteuil, ou plutôt m’avachir en la regardant. Certes, ce discours, je l’ai déjà entendu des milliers de fois. Je regarde le plafond.


- Et donc, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise… ? J’ai déjà raconté ma vie à plein de psychologue, pourquoi est-ce que ça serait différent ici… ?


- C’est à vous de décider ce que vous voulez me dire, si ce n’est pas pour aujourd’hui, ça sera sûrement pour demain ou un autre jours, prenez votre temps. Nous sommes là pour vous aider et vous écouter, il n’y a que vous pour être maître de votre destin, mademoiselle Taylor.

- Est-ce que vous pouvez tous arrêter de m’appeler Taylor ?! J’en ai ras le cul d’être associé à cette famille de merde ! Je m’appelle Tessa ! D’accord ? J’ai peut-être ce nom de famille, mais appeler moi par mon prénom, merde ! criais-je en me redressant.

Bordel, qu’est-ce qu’ils ont tous à vouloir m’appeler par ce nom de famille ! Les conventions, je m’en fou royalement, je n’ai juste pas envie qu’on me rappelle ma famille.
Je finis par croiser les bras, assise au fond de mon fauteuil… Je fixe la psychologue, qui me regarde aussi… Elle a un regard tellement détendu, elle m’énerve.

Elle reprend son discours, m’expliquant encore que le centre est là pour m’aider, m’accompagner, elle me demande de me parler de mes premières impressions ici, de ma rencontre avec Vanilla… Je reste les bras croisés, qu’est-ce qu’elle veut que je lui dise ? Qu’elle est dangereuse… ?

- J’en ai rien à foutre de cette jument, son destin ne m’intéresse pas. Et vous pouvez le noter et aller faire votre petit compte rendu au directeur, je m’en moque !

- Tout ce qui est dit ici est strictement confidentiel, je le tiens au courant des évolutions de nos entretiens et d’un point de vue médicale mais vos paroles et ce qu’on se dit reste dans cette salle, entre vous et moi, Tessa.

Je détourne le regard. Je m’en fou. Je me sens mal à l’aise, alors, je me redresse et je tape dans la chaise,

- Si c’est moi qui choisit ce que je dois vous dire, j’peux partir ?

Elle me regarde, sans rien dire et me laisse partir. Décidemment, ils ont des méthodes assez perturbantes et… C’est vraiment chiant. Je sors, claquant la porte derrière moi, elle m’a réveillé juste pour 30 min ? Elle fait vraiment chier celle-là.